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EAN : 9782221069547
1049 pages
Robert Laffont (07/09/1995)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Vingt millions de morts : tel est, actuellement, le bilan très probable des événements décrits par les deux livres que réunit ce volume. Sanglantes moissons relate la destruction de l'agriculture russe opérée par Staline au cours des années 1930, en trois étapes : l'élimination des koulaks, censés être les paysans les plus riches, puis la collectivisation des terres et le regroupement forcé des paysans dans des kolkhozes ; la famine organisée enfin, qui fit cinq mil... >Voir plus
Que lire après La grande terreur, précédé des 'Sanglantes moissons : Les purges staliniennes des années 30'Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
VINGT MILLIONS DE VICTIMES.
Robert Conquest est un historien anglais décédé à l'âge de 98 ans en 2015. Son parcours politique lui a permis de s'imprégner de l'histoire de l'URSS puisqu'il était initialement membre du parti communiste anglais et a vécu de 1942 à 1948 en Bulgarie. Dans ce livre de 1000 pages édité en papier bible, il fait le point avec du recul de l'histoire sur les deux épisodes dramatiques de l'histoire de l'URSS, à savoir la grande famine de 1930 et la grande terreur de 1935 à 1939. Les 2 grandes questions sont :
-Staline a-t-il fait tuer 20 millions de personnes de façon délibérée et préméditée?
-La fin justifie-t-elle les moyens ?
La première partie du livre titrée « Sanglantes moissons » (Prix national Taras Chevtchenko) traite de la grande famine de 1930 qui a touché principalement l'Ukraine, le grenier à blé de l'URSS. Certes Staline avait besoin d'exporter ce blé pour financer son industrie lourde, mais il a probablement délibérément affamé les paysans ukrainien pour mater la résistance à la collectivisation des terres et mettre au pas l'Ukraine qui a toujours manifesté une indépendance culturelle et linguistique vis à vis de la Russie : 5 millions de morts de faim, une misère épouvantable, jusqu'à des actes de cannibalisme. Pour l'auteur, preuves à l'appui, il s'agissait d'une famine organisée et machiavélique (« génocide »). En toute impunité ? : la force de Staline était que ses adversaires ne croyaient pas qu'il pouvait souhaiter ou agir ainsi tant les actes étaient monstrueux. « Ce n'était plus l'économie qui déterminait la politique, mais la politique qui déterminait l'économie. »
La deuxième partie du livre, intitulée « La grande terreur », traite des grands procès staliniens et des purges à tous les niveaux (appareil du parti, intellectuels, ingénieurs, militaires) qui a sévi de 1936 à 1938. La mécanique a été bien orchestrée : faire assassiner Sergueï Kirov, le numéro 2 du parti, bien-aimé du peuple, décréter l'état d'urgence et placer à la tête de la police politique et du tribunal d'exception un de ses affidés. À ce moment, il devient facile d'éliminer les complices du «complot ». On reste abasourdi devant la tolérance des membres du parti et du peuple russe devant la masse des exécutions sommaires ; l'absence d'indignation du public (quand les procès l'étaient) devant le délabrement physique et psychique des accusés qui, après torture, professaient leur autocritique au tribunal. « Un vrai bolchevique doit noyer sa personnalité dans la collectivité, dans le parti, au point d'être capable de renoncer à ses propres convictions et d'adopter honnêtement celles du parti. » Trotsky : « en définitive, le parti a toujours raison »
La procédure des arrestations est hallucinante : elle était régie non pas par la culpabilité des gens mais par « quotas ». Ainsi un responsable du NKVD se vit reprocher de n'avoir pas trouvé autant d'espions polonais que son homologue ukrainien : il s'arrange alors pour arrêter 12 000 personnes dont bon nombre de commerçants juifs.
Dans le monde occidental, les réactions aux quelques informations qui transpiraient étaient relativement mitigées. Beaucoup de journalistes et de politiques les considéraient comme de l'intoxication ou de l'anticommunisme primaire. On remarquera la clairvoyance d'André Gide qui, après une visite de deux mois en URSS, sur invitation, publieras en 1936 : « Mon retour de l'URSS » suivi de « Retouches à mon retour de l'URSS » en réponse aux critiques et aux injures de la part de l'intelligentsia française, Aragon en tête. Il s'agit d'un véritable réquisitoire contre le stalinisme. « Que le peuple des travailleurs comprenne qu'il est dupé par les communistes, comme ceux-ci le sont aujourd'hui par Moscou ».
Robert Conquets développe en outre dans cet ouvrage une thèse relativement surprenante : à son avis, Staline, fasciné par l'autocratie (et peut-être l'antisémitisme) aurait décidé de faire alliance avec Hitler pour lutter contre l'impérialisme occidental. À tel point qu'il a décimé aussi jusqu'en 1939 la plupart des cadres et stratèges de son armée ; avec pour conséquence la défaite de la guerre Russo-finlandaise de 1940 (où un petit pays a réussi à repousser une armée alignant 4 fois plus d'hommes et un matériel moderne.) D'ailleurs, non préparé pour la guerre, Staline aurait été surpris par l'offensive allemande de juin 41.
Au total, entre la famine et les purges, la fourchette envisagée est de 20 millions de victimes…
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Ce volumineux ouvrage (1000 pages) de l'historien soviétologue Anglais Robert Conquest, comprend en fait deux livres :

Le premier, Sanglantes Moissons traite du sujet de la « Dékoulakisation » (massacres et déportations au Goulag de plusieurs MILLIONS de paysans) au cours des années 1930, ainsi que du renouvellement, toujours par Staline, de l'immonde système de collectivisation (réquisitions forcées des récoltes agricoles), déjà perpétré par Lénine entre 1918 et 1922 faisant 5 MILLIONS de morts, et en y ajoutant le regroupement forcé des paysans dans les Kolkhozes, le tout engendrant cette seconde gigantesque famine qui a conduit au génocide de 6 MILLIONS d'innocents en U.R.S.S. entre 1931 et 1933.

Comme l'écrit un compte rendu Soviétique relativement récent, page 401 :

« Staline organisa cette famine de façon parfaitement délibérée et planifiée ».

L'auteur nous présente de nombreux témoignages décrivant les horribles crimes commis lors de cette famine, ainsi que l'état de délabrement physique des paysans mourants de faim, entre autres, pages 264 et 265 :

« le spectacle le plus terrifiant, c'étaient les enfants avec leurs membres squelettiques et leur ventre gonflé. La faim avait effacé toute trace de jeunesse de leur visage, leur avait donné l'impression torturée des gargouilles ; seuls leurs yeux gardaient un reste d'enfance. Partout, nous trouvions des hommes et des femmes couchés, le visage et le ventre gonflés, le regard totalement vide ».

Dans la monstruosité et l'aberration absolues, on trouve aussi cette « loi » qui condamnait à mort, ou à la déportation en camps de concentration (Goulag), toute personne, qui mourant de faim, « osait » couper quelques épis de blé afin de survivre encore quelques temps.

Mourir de faim conduisait souvent à la folie, et donc parfois certains parents, au cannibalisme, en mangeant leurs propres enfants !

Le second livre, La Grande Terreur de 1936 à 1938, porte d'une part, sur les grands et faux procès de Moscou qui ont conduit l'ancienne garde bolchevique (originaire de la période de la Terreur rouge entre 1917 et 1924 sous Lénine) à être passée par le peloton d'exécutions : Zinoviev, Kamenev, Toukhatchevski, Boukharine, Rykov, etc..
D'autre part, hormis ces hauts responsables et bourreaux bolcheviques de la première heure, Staline en tant que grand : mégalomane, paranoïaque, schizophrène, tyran, fanatique, psychopathe, et au nom de l'idéologie criminelle Marxiste-Léniniste de la « lutte des classes », a également fait FUSILLE (sur la base de simples listes établies aux hasards par ses acolytes responsables communistes), environ 750 000 civils innocents en moins de 2 ans, entre 1937 et 1938, soit une moyenne de 1500 personnes FUSILLEES par JOUR !

Cette oeuvre est passionnante et historiquement fondamentale, car elle décrit dans le détail la barbarie mise en place, afin d'exterminer des MILLIONS d' »ennemis » innocents, sous l'idéologie totalitaire communiste.

Malgré la grande difficulté de décrire avec des mots, la monstruosité des souffrances psychologiques et physiques qu'ont enduré les victimes des crimes commis par ces tortionnaires communistes, mais grâce aux essentiels livres d'histoire tels que : le Livre noir du communisme et bien d'autres oeuvres littéraires et témoignages de survivants sur ce sujet du totalitarisme communiste, on essaye de toucher du doigt, mais sans jamais y parvenir, cet : indicible « mal absolu » dont est capable de faire preuve, parfois, l'être humain…
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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