La route que je n'ai pas prise
Deux routes divergeaient dans un bois jaune ;
Triste de ne pouvoir les prendre toutes deux,
Et de n'être qu'un seul voyageur, j'en suivis
L'une aussi loin que je pus du regard
Jusqu'à sa courbe du sous-bois.
Puis je pris l'autre, qui me parut aussi belle,
Offrant peut-être l'avantage
D'une herbe qu'on pouvait fouler,
Bien qu'en ce lieu, vraiment, l'état fût le même,
Et que ce matin-là elles fussent pareilles,
Toutes deux sous des feuilles qu'aucun pas
N'avait noircies. Oh, je gardais
Pour une autre fois la première !
Mais comme je savais qu'à la route s'ajoutent
Les routes, je doutais de jamais revenir.
Je conterai ceci en soupirant,
D'ici des siècles et des siècles, quelques part :
Deux routes divergeaient dans un bois ; quant à moi,
J'ai suivi la moins fréquentée
Et c'est cela qui changea tout.
The Road Not Taken (1916)