Robert L. Miller

A travers « Indochine et Vietnam » Dennis Wainstock et Robert L. Miller nous déroulent la trame et la complexité de ces deux guerres qui finalement sur le territoire n'en feront qu'une, de 35 ans.

Des conflits ayant impliqué la France depuis 1945, la guerre d'Indochine débute dans le délicat contexte de la reconstruction du pays. Elle fut souvent reléguée au second plan des préoccupations des français. L'Indochine était un groupement de trois protectorats : Annam, Tonkin et Cambodge, ainsi que d'une colonie la Cochinchine au Sud.

Pourtant cette guerre de huit ans, représente à bien des égards un épisode historique de grande importance. Premier feu de l'incendie de la décolonisation, il annonce aussi les enjeux de la guerre froide dont l'un des épisodes les plus marquants se jouera au même endroit une dizaine d'années plus tard avec les États-Unis.

Pour l'Asie du Sud Est, la défaite française aura des conséquences profondes. L'influence du régime communiste nord-vietnamien et la reprise des affrontements avec le sud en 1959, poussera Washington à s'impliquer davantage dans la région de peur du fameux effet « domino »

En résultera la guerre du Vietnam qui affectera aussi le Laos et le Cambodge.

Ce livre est un large récapitulatif des événements, des dates, des enchaînements d'actions qui ont menés au résultat que l'on connaît. Une guerre meurtrière pour tous les intervenants.

C'est aussi une large biographie des personnages politiques, militaires ainsi que des principaux dirigeants des Etats mis en cause.

Les actions et décisions sont décrites avec précision, les stratégies des deux bords sont analysées.

Coté histoire de l'Indochine, mes connaissances sont ce qu'on apprend souvent lors de nos études, mon père ayant participé à cette guerre, j'ai les souvenirs qu'il a bien voulu m'en laissés, cette époque ayant été pour lui une dure épreuve pour le jeune homme qu'il était.

Avec ce livre, j'ai trouvé un canevas bien précis de toutes les actions, de tous les acteurs de ces deux guerres, une mise au point de leurs actions et du pourquoi. L'idéologie des parties mis face à face. C'est fouillé, complexe, très intéressant.

A lire à petites doses, car les enchaînements de dates et des personnages deviendraient vite indigeste. Heureusement les renvois de pages nous remettent les personnalités en mémoire avec une biographie succincte mais complète.

Très bon documentaire, bien détaillé, les deux guerres sont analysées du côté de chaque belligérants. Les principales personnalités telles Hô Chi Minh, Giap, Bao Dai, Diem, sont bien mises en avant, avec leurs actions.

Petit bémol : un manque de cartes pour mieux se référer dans le temps et l'espace. Sinon un livre à mettre dans toutes les mains aussi bien étudiantes que pour ceux qui s'intéressent à cette époque et à ces pays.

Merci à Babélio et aux Éditions Nouveau Monde de m'avoir permis de découvrir cette ouvrage très intéressant paru en janvier 2017.

Rendre compte des guerres d'Indochine et du Vietnam en un seul ouvrage (et de moins de 300 pages, qui plus est !), voilà qui ressemble fort à une gageure. C'est pourtant ce qu'on tenté de faire deux historiens courageux, Dennis Wainstock et Robert L. Miller. Il est vrai que, selon eux « Les guerres d'Indochine et du Vietnam ne sont en fait qu'une seule et même guerre qui a duré trente-cinq ans, de 1940 à 1975. »… Si l'idée est intéressante, elle mérite tout de même d'être nuancée.



De fait, en lisant "Indochine et Vietnam", on ne tarde pas à s'apercevoir que cette guerre « unique » est en réalité constituée de quatre conflits successifs, aux logiques relativement spécifiques.

Quoi de commun en effet entre la période 1940-1945, marquée par la collaboration forcée de l'administration de Vichy avec les Japonais, et la guerre coloniale menée par les Français entre 1946 et 1954 ? Assez peu de choses en vérité.

De même, le conflit qui, entre 1954 et 1964, oppose le jeune état du Sud-Vietnam aux maquisards communistes du Viet-cong, est-il vraiment de même nature que la guerre totale menée au sol et dans les airs par les troupes américano-vietnamiennes contre le Nord-Vietnam, à partir de 1964 ? Cela n'est pas certain.



Toutefois, au-delà de ces différences indéniables, les points communs ne manquent pas : c'est ainsi qu'avec l'accession des communistes chinois au pouvoir, en 1949, la guerre d'Indochine acquiert une importance stratégique nouvelle, dimension qu'elle conservera jusqu'au bout, au point de rester dans la mémoire collective comme le conflit emblématique de la guerre froide.

Pour la France comme pour les USA, ce qui se joue dans cette partie du monde, c'est leur légitimité et leur statut de grandes puissances. Les dirigeants français sont persuadés (à juste titre) qu'une défaite en Indochine sonnera le glas de l'Empire colonial français. Quant aux Américains, c'est leur désir d'apparaître comme les leaders du monde dit "libre" qui va les pousser à sacrifier la vie de 58 000 soldats pour soutenir des dictatures sanglantes et corrompues comme celles de Ngô Dinh Diêm ou du général Thieu.

Il faut souligner enfin le rôle majeur joué dans les deux cas par les opinions publiques. À partir du moment où la Chine et l'URSS se rangent du côté des Nord-Vietnamiens, l'opinion publique française va se fracturer, le Parti communiste et la puissante CGT devenant des opposants farouches à la guerre d'Indochine, au point de pousser les ouvriers à saboter le matériel destiné au corps expéditionnaire ; cette opposition finira par user la volonté de la classe politique, tout comme le feront les manifestations monstres des années soixante et soixante-dix contre la guerre du Vietnam  : comme la France avant elle, les États-Unis devront au final négocier sous la pression, et accepter une paix honteuse, équivalant à une défaite.

Certains y ont vu à l'époque comme une nouvelle version de l'"Arroseur arrosé", dans la mesure où l'une des sources de cet interminable conflit réside justement dans le vieux discours anticolonialiste des dirigeants américains, et de Roosevelt en particulier : ce n'est pas un hasard en effet si, le jour où Hô Chi Minh déclare l'indépendance du Nord-Vietnam (1945), il le fait en présence d'officiers américains et emprunte largement au texte de la déclaration d'indépendance des États-Unis.



"Indochine et Vietnam" est un livre que l'on dévore, même si l'on peut regretter qu'il se cantonne un peu trop souvent à une vision d'état-major. On aurait aimé en savoir un peu plus par exemple sur le destin de ces malheureuses populations déplacées de force ou bombardées des années durant par les B52 du sinistre général Westmoreland.



Merci beaucoup aux Éditions Nouveau monde et à Babelio pour cette lecture instructive.

Ce livre est né d'un événement important : l'ouverture des archives du Nord Vietnam, ce qui a été l'occasion pour les deux historiens (Wainstock et Miller) d'écrire un essai qui raconte deux guerres de tous les points de vue, et pas seulement du point de vue français ou américain.

Deux guerres dans les manuels d'histoire mais un seul événement qui s'étend sur 35 ans. Les auteurs ont voulu écrire un document qui pourrait permettre aux étudiants de faire le tour de la question, et c'est réussi. Le conflit est traité de manière chronologique, n'ommet aucun élément important et est vraiment très bien documenté.

J'ai peiné un peu plus à la fin de ma lecture mais c'est essentiellement parce que je

maitrise moins la partie américaine du conflit. Et pas parce que les auteurs ne la maîtrise pas bien au contraire.

Un livre d'histoire intelligent et vraiment accessible, qui met en lumière les relations étroites entre la France et les États-Unis en Indochine et au Vietnam.