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Citation de Partemps


Depuis le temps où les pâtres d'Italie, enfants analphabètes, jouaient
à s'échanger des jeux de mots et d'amour, objets d'inanité sonore, le sonnet
saisi en sa vive improvisation allait passer entre les mains savantes des lettrés
et connaître en Occident le succès que dut avoir ailleurs le haïkaï. 11 était à
l'origine beaucoup plus bref qu'il ne l'est en sa forme littéraire, car il n'était
d'abord jamais écrit, mais soudainement composé, écho répondant à celui
qui l'avait provoqué. Rimes, assonances, chocs, contre-chocs de consonnes,
musiques de voyelles, tout était mis en œuvre pour que ça sonne, comme
on l'entend aussi bien dans la poésie scaldique du INord, constatant par
la même occasion que les langues primitives non écrites, ou tardivement,
s'enjouaient à se jouer des sonorités, des effets, claquements, heurts, éclats,
le sens chez les plus doués — pâtres ou scaldes — prenant source dans le
son, s'y vivifiaient par maints tours de passe-passe, inventions, trouvailles et
trouveries, métamorphoses, ruptures, artifices pour déjouer l'attendu, tenir
en éveil, alerter l'esprit, saler l'amour, ou bientôt le laurer comme Pétrarque
au mont Ventoux, et en faire par un jeu savant un bijou précieux, même un
complexe coffret à musique, belle ouvrage en laquelle s'illustreront Luis de
Gongoray Argote, William Shakespeare, une multitude de poètes baroques,
édifice sans fin qu'ornera encore Gérard de Nerval avec le « Desdichado »,
puis son héritier en hermétisme, Arthur Rimbaud, compositeur des
« Voyelles », bien entendu sans oublier l'orfèvre en abîme que voulut être
Stéphane Mallarmé.
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