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Citation de Renod


Alors qu’il avançait sur ce chemin pierreux, il se fit la réflexion que si une certaine forme de méchanceté était morte, ce qu’elle laissait derrière elle ne pouvait être ni défait ni oublié. Il pouvait voir, là-bas, devant, la lumière de la lampe qui brillait à travers la fenêtre. La méchanceté vivait dans sa propre maison mais il ne pourrait pas la tuer quand elle viendrait au monde, et il faudrait l’aimer sans restriction. Il aurait aimé frémir ou trembler. Il aurait aimé regretter ses actes, se lamenter, pleurer. Il aurait voulu se complaire dans la nostalgie du passé, quand il n’était encore qu’un jeune garçon et vivait comme un jeune garçon.

Mais rien de tout cela n’était possible. Les jours anciens n’étaient que des ombres, des scènes projetées sur un mur vague. Il était trop jeune pour avoir un passé. Il n’avait pas de passé, sauf celui d’un enfant : la faim et le contentement, la chaleur et le froid, l’humidité et la sécheresse, des carrés de lumière jaune sur un plancher de bois, des animaux de compagnie, l’amour d’un père et d’une mère. Il n’y avait aucune morsure de la conscience, aucune envie de revenir en arrière et de vivre une vie différente de ce qu’elle avait été auparavant. Il voulait ne rien avoir à faire avec de tels sentiments et de telles pensées vagabondes. C’était à cela qu’il pensait tandis qu’il chevauchait dans les brumes du soir, s’éloignant de l’homme qu’il venait de tuer sous le visage de la lune ascendante.
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