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Citations de Robert Olmstead (37)


Il savait désormais que tout doit mourir tôt ou tard, et il savait que la vie n'est que bien peu de chose. Il savait que tout ce qui existait avait existé auparavant. Il savait que la vie d'un homme ne tient qu'à un fil ténu, quels que soient ses actes, ses déclarations et l'opinion qu'il a de lui-même. Il savait que la terre était courroucée et que le mal était aussi vivant que n'importe quel homme ou n'importe quelle femme. Il savait que la vie ne signifiait pas grand-chose pour lui.
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Il s'émerveillait toujours de voir comment la lumière pénètre l'obscurité, comment l'eau se transforme en glace, comment la glace fond, et comment la vie peut être, en même temps, tout et rien. Comment certaines choses durent des années sans jamais exister.
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Depuis quelque temps, elle avait du mal à supporter les obscurs besoins des garçons et des hommes, ainsi que leur tendance à agir sans réfléchir à propos de choses qu'ils n'étaient pas en mesure de comprendre et encore moins d'exprimer clairement.
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Pour elle, les hommes étaient comme une période de sécheresse ou un orage sec qui soudain éclate. Ils venaient, puis repartaient ; ils avaient mal, ils souffraient. Ils riaient tout seuls et pleuraient en secret, comme s'ils obéissaient à un signal lointain et silencieux. C'étaient d'éternels enfants, gentils et brusques à la fois. Ils percevaient des sons que personne d'autres n'entendait, comme les chiens. Et comme la lune, ils changeaient tous les huit jours.
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Ceux qui étaient ici n'étaient pas des fous furieux. Ils n'ont pas fait ça par amour, ni par avidité, ni par ignorance. C'était des fils de bonne famille, ils étaient instruits. Ce que tu vois ici, c’est l'humanité. Le genre humain tel qu'il est.
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Alors qu’auparavant le temps lui appartenait, désormais il n’en était plus maître. On l’envoyait dans le vaste monde, lui qui n’avait que quatorze ans, lui qui était si ignorant de la vie.
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Il vaut mieux se rompre les os que rompre une promesse.
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Il savait que la vie ne signifiait pas grand-chose pour lui, mais là, il s’agissait de la vie de son père.
- Je me transfère en toi, lui dit son père, et te voilà déjà un vieil homme.
Puis il ajouta :
- Je vais venir.
Bien qu’étrange, la métamorphose du fils qui recevait le père en lui et qui, à son tour, devenait le père, fut tangible et complète, et il put la sentir s’opérer en lui. Il la sentit affermir son emprise tandis que les paroles étaient prononcées. Puis tout fut terminé, et il n’était plus un enfant. Il n’était plus un enfant, parce que son père était mort.
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Il se dit que si tous ces hommes étaient morts en combattant la guerre, c’était donc que la guerre était en train de gagner.
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Alors qu’il avançait sur ce chemin pierreux, il se fit la réflexion que si une certaine forme de méchanceté était morte, ce qu’elle laissait derrière elle ne pouvait être ni défait ni oublié. Il pouvait voir, là-bas, devant, la lumière de la lampe qui brillait à travers la fenêtre. La méchanceté vivait dans sa propre maison mais il ne pourrait pas la tuer quand elle viendrait au monde, et il faudrait l’aimer sans restriction. Il aurait aimé frémir ou trembler. Il aurait aimé regretter ses actes, se lamenter, pleurer. Il aurait voulu se complaire dans la nostalgie du passé, quand il n’était encore qu’un jeune garçon et vivait comme un jeune garçon.

Mais rien de tout cela n’était possible. Les jours anciens n’étaient que des ombres, des scènes projetées sur un mur vague. Il était trop jeune pour avoir un passé. Il n’avait pas de passé, sauf celui d’un enfant : la faim et le contentement, la chaleur et le froid, l’humidité et la sécheresse, des carrés de lumière jaune sur un plancher de bois, des animaux de compagnie, l’amour d’un père et d’une mère. Il n’y avait aucune morsure de la conscience, aucune envie de revenir en arrière et de vivre une vie différente de ce qu’elle avait été auparavant. Il voulait ne rien avoir à faire avec de tels sentiments et de telles pensées vagabondes. C’était à cela qu’il pensait tandis qu’il chevauchait dans les brumes du soir, s’éloignant de l’homme qu’il venait de tuer sous le visage de la lune ascendante.
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-Tu vas ramener ton père à la maison?
-Je l'ai promis à ma mère.
-Il vaut mieux se rompre les os que rompre une promesse.
-Oui, m'dame.
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Lorsqu'il revint auprès du soldat, il s'apprêtait à lui dire qu'il était peut-être aveugle parce que Dieu avait estimé qu'il en avait assez vu pour une vie, mais en arrivant il constata que l'homme était mort. Sur sa poitrine, il y avait le revolver, un Remington à six coups. Il était chargé, et le garçon comprit que le soldat l'avait laissé pour lui. Il en vint à comprendre, par la même occasion, qu'il avait définitivement cessé de croire en Dieu.
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Il se dit que si tous ces hommes étaient morts en combattant la guerre, c'était donc que la guerre était en train de gagner.
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On pouvait trouver là, éparpillé sur ces quelques centaines d’hectares, tout ce qui constitue un être humain, à l’intérieur comme à l’extérieur. Il y avait assez de membres et d’organes, de têtes et de mains, de côtes et de pieds pour raccommoder corps après corps – il ne manquait que le fil et l’aiguille. Et une couturière céleste.
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Elle se tourna vers lui pour le regarder et elle vit qu’il avait changé. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il avait vu pendant qu’il était loin d’elle. Elle n’avait aucune idée de cette noire inflexion qu’il portait en lui. Mais non, il n’avait pas changé. Il était toujours son fils et ce qui avait changé, c’était que le jeune garçon était devenu un homme et c’était une chose à laquelle il fallait s’attendre.
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-Et n'oublie pas, poursuivit-elle en posant les mains sur les épaules du garçon, le danger ne s'attarde pas auprès de ceux qui ne craignent pas de l'affronter.
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Une lourde rosée était tombée et le champ humide qui s'étendait devant eux sous la lune ressemblait étrangement à un large sentier de diamants blancs dans un paysage de velours bleu.
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Il laissa sa main libre flotter dans l'air obscur, puis il la leva, la tendit vers le ciel et enveloppa de ses doigts le scintillement d'une étoile rouge. L'étoile était chaude dans sa main et il la sentit battre comme on sent battre le pouls d'une grenouille ou d'un oiseau que l'on tient dans le creux de sa paume. Il caressa l'étoile et la laissa voyager avec lui, dans sa main, puis il la porta à sa bouche et en goûta la douceur sucrée avant de l'avaler.
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Il savait qu’au bout du compte il n’y avait pas de réponse. Pas d’illumination. Le monde était abandonné au hasard et il ne nous était pas révélé, c’était le monde qui nous révélait à nous-mêmes, à nos idées fragmentaires, à notre fausse mémoire. Il n’y avait à découvrir ni vision ni sagesse. Simplement, avec le temps on voyait plus de choses et on devenait moins ignorant. Rien ne pouvait nous laver de nos péchés, et il n’y a pas de guérison de l’esprit, si ce n’est pour les coupables et les idiots. Nos confessions deviennent nos faiblesses, notre sagesse devient notre vanité, et les unes comme l’autre sont pour nous des fantasmes nuisibles. Il regarda l’homme agenouillé et sut une chose : c’est nous-mêmes qui choisissons d’être les élus.
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Il eut la sensation qu’une immense vague inexorable se soulevait en lui. Ses yeux avaient vu tant de morts si près de lui. Il avait le sentiment de n’avoir été qu’un garçon, creux, affamé et vide, confiné dans ses montagnes jusqu’à ce que soit donné le signal, jusqu’à ce que ce soit son tour de devenir un de ces êtres humains voués à l’échec. Mais dans le berceau des montagnes, il ne s’était jamais senti creux, affamé ou vide. Il ne comprenait pas, mais il savait que la mort ne lui faisait plus peur. Il savait qu’il ne se sentait plus comme seulement une moitié de quelque chose, il se sentait entier, achevé dans sa formation.
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