7 janvier 1915, ma chère Maman,
Elle n'est pas dénuée de pittoresque cette seconde ligne. [...]. Je suis sûr que si l'on mettait une palissade autour et un tourniquet à l'entrée, beaucoup de gens paieraient pour la voir. Cependant, je crois que les boyaux auraient encore plus de succès, d'autant plus qu'on pourrait y procurer artificiellement aux civils toutes les émotions de la guerre: en faisant tirer de-ci de-là des hauteurs avoisinantes quelques pétards, et en dissimulant par endroits des machines qui laisseraient échapper un jet de vapeur pour imiter le sifflement des balles et des obus, on arriverait à des effets très réussis, et il faudrait un médecin de service à l'usage des petites jeunes filles qui tourneraient de l'oeil. Mais nous laisserons cela aux industriels après la guerre. Pour l'instant, l'entrée est grauite, voire même obligatoire.