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Critiques de Robert Sayre (1)
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La modernité et son autre

Exégèse des récits d'une douzaine d'explorateurs * sur les contacts entre Européens et Amérindiens en Amérique du nord au 18e siècle.

A partir de la comparaison des témoignages, l'auteur établit une typologie tout en nuances des regards portés sur les Indiens en fonction de l'origine des rédacteurs, qui vont du dégoût au désir, à l'inverse, de changer de camp et de les intégrer.



On découvre ainsi que les catholiques ont davantage d'affinités avec les Indiens que les protestants à cause de leur rapport particulier à l'argent et au surnaturel, ou que les colons français souvent issus de la noblesse se lient plus facilement avec eux par un sens commun de la fierté car, contrairement aux Anglo-Saxons, ils sont plus attirés par le prestige que par l'argent. le mouvement romantique apparaît également en empathie avec les Indiens.

A l'inverse, l'antagonisme entre Français et Indiens repose sur le rapport à l'autorité alors qu'entre Anglais et Indiens il repose sur le rapport à l'argent et à la propriété.

Mais dans presque tous les cas, l'observation des Indiens conduit à une remise en cause du modèle occidental.



Particulièrement intéressantes sont les raisons qui peuvent conduire des Européens à intégrer, parfois définitivement, des tribus indiennes : fascination pour l'harmonie sociale qui y règne, et surtout attrait pour la liberté, liberté de mœurs (qui va jusqu'au refus de l'amour passion), liberté de chasse… à l'opposé de l'autorité de l'Etat qui pèse en Europe et du contrôle étroit par la religion qui restreint la liberté d'action.

Les Européens sont frappés par la paix et l'amour dans la société indienne qui ne connaît ni la propriété, la monnaie et la jalousie. Ils s'étonnent aussi que l'absence de contrainte dans l'éducation des enfants ne les empêche pas de devenir des adultes sains et droits contrairement au modèle européen. La société des colons où règne le goût du gain et l'individualisme leur paraît finalement moins vertueuse en comparaison.

C'est le grand paradoxe de ces contacts : les Indiens atteignent dans leurs pratiques païennes les buts assignés par l'Eglise, alors que les Européens, porteurs de cette Eglise, n'y parviennent pas eux-mêmes, occupés qu'ils sont à s'enrichir.



La fierté apparaît comme l'autre grande valeur des Amérindiens rencontrés à proximité des colonies européennes. Toutefois, cela semble être un trait général sur le continent. Déjà en 1556, Jean de Léry la signalait chez les Tupinambas de la baie de Rio situés à plus de 8.000 km des Creeks et des Sioux et n'ayant donc jamais eu de rapports avec eux. Dans tous les cas, la volonté extrême de venger l'honneur bafoué est la principale explication à la pratique de la torture et du cannibalisme.



La forme est universitaire, le contenu est précis, documenté, mais consacre plus de lignes à la biographie des explorateurs qu'à la description de la vie des Indiens, ce qui lui donne un aspect un peu aride et manquant de chair et en fait un ouvrage visiblement destiné aux étudiants plutôt qu'à un large public.



* (St. John de Crèvecoeur, Philip Freneau, Thomas Morris, Alexander Henry, le baron de Lahontan, François-Xavier de Charlevoix, John Lawson, Jonathan Carver, William Bartram, Brackenridge, Slover, Rogers, Jemison).

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