Roberta Lee

L’existence ne se limite pas à un enchaînement d’urgences, de dates butoirs, de futures erreurs et catastrophes, de choix impossibles, de pièges, de culpabilité, d’angoisses et de pertes.

Récemment, j’ai commandé un sandwich et un café dans un fast-food. La fille au comptoir a pris ma commande, fait mon sandwich, versé mon café, placé le tout dans un sac en papier qu’elle a refermé et m’a tendu en me rendant la monnaie, le tout sans m’adresser un seul regard. En Micronésie, où il est grossier de ne pas se regarder lors d’une transaction, ce comportement serait impensable.

Nous nous faisons des illusions si nous croyons pouvoir endurer ad vitam aeternam le stress qui accompagne les échanges impersonnels, le manque de sommeil et de temps libre, la masse de travail, l’éducation des enfants, les difficultés conjugales, l’absence d’exercice, les sandwichs mangés sur le pouce, les boissons hyper-sucrées et bourrées de caféine, les gadgets qui nous donnent des migraines, les embouteillages, les vols en retard, etc., et en sortir indemnes.
Chacune de ces situations agresse le système nerveux, et l’ensemble de ces agressions nous expédie directement dans le SuperStress. Encore une fois, le système nerveux n’est pas fait pour résister à ces attaques. L’être humain est conçu pour gérer le stress à court terme. Il peut en supporter une dose raisonnable sur le long terme, comme des problèmes de couple ou une pile de factures à régler. Mais le cumul finit par le rendre malade.

En Micronésie, j’ai beau travailler parfois de l’aube jusqu’au soir, ce sentiment de paix ne me quitte jamais.