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Citation de rkhettaoui


En 1968, alors que les étudiants élevaient des barricades et que les futurs romanciers français brisaient à coups de brique les fenêtres de leurs lycées ou faisaient l’amour pour la première fois, il décida de fonder la secte ou le mouvement des Écrivains Barbares. C’est ainsi que, pendant que les intellectuels s’emparaient des rues, l’ancien légionnaire s’enferma dans sa minuscule loge de concierge de la rue Des Eaux et commença à donner forme à sa nouvelle littérature. L’apprentissage se déroulait en deux temps apparemment simples. L’enfermement et la lecture. Pour la première étape il était nécessaire de faire des provisions pour une semaine, ou alors de jeûner. Il était aussi indispensable, pour éviter les visites inopportunes, d’avertir que l’on n’était disponible pour personne, ou bien que l’on partait en voyage pour une semaine ou que l’on avait contracté une maladie contagieuse. La deuxième étape était plus compliquée. D’après Delorme, il fallait se fondre avec les œuvres maîtresses. On y parvenait d’une manière extrêmement étrange : en déféquant sur les pages de Stendhal, en se mouchant avec des pages de Victor Hugo, en se masturbant et en répandant le sperme sur les pages de Gautier ou Banville, en vomissant sur les pages de Daudet, en urinant sur les pages de Lamartine, en se coupant avec des lames de rasoir et en éclaboussant de sang les pages de Balzac ou de Maupassant, en soumettant, en somme, les livres à un processus de dégradation que Delorme appelait humanisation.
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