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Citation de Aquilon62


Salman Rushdie attend déjà dans la petite pièce qui nous est réservée. Nous nous embrassons. La générosité dont il fait preuve envers moi depuis notre première rencontre est de celles qui naissent chez ceux qui n’oublient pas ce qu’ils ont vécu. Il veut me transmettre un peu de ce qu’il a appris dans sa chair, peut-être veut-il m’aider à récupérer quelques lambeaux de ma liberté ; mais pour moi, le seul fait de savoir que je ne suis pas seul avec mon expérience est précieux. Cela semble incroyable. Quand il a été « condamné », j’étais un enfant, j’allais encore à l’école primaire. Sa fatwa khomeiniste et mes menaces camorristes sont l’expression de deux contextes bien différents, mais leurs conséquences sur nos vies, leurs répercussions sur notre histoire, en tant qu’écrivains, sont à peu près identiques, tout compte fait. Même poids de l’emprisonnement, que personne ne peut comprendre totalement, même angoisse continuelle, même solitude. Et nous nous heurtons, tous les deux, à une méfiance qui peut se transformer en diffamation : c’est ce qui est le plus blessant, le plus injuste et le plus intolérable. Tout ce que Rushdie racontera sur ses difficultés pour traverser une rue, prendre un avion, trouver une maison, et tout ce qu’une vie sous haute protection rend impossible, m’amènera à penser : "C’est vrai, c’est exactement ça."
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