Mais on m’a recommandé de ne pas parler de trop de choses à la fois, de ne pas être trop long, je me concentre donc sur ce qui demeure pour moi l’expérience la plus importante. La littérature et le pouvoir, l’écriture qui devient un danger grâce à ce qui est le plus dangereux : le lecteur. J’explique que, dans les démocraties, ce n’est pas la parole en elle-même qui effraie les pouvoirs, mais celle qui parvient à faire tomber le mur du silence. [...] La différence entre Rushdie et moi tient à ceci : il a été condamné par un régime qui ne tolère aucune expression opposée à son idéologie ; alors que, là où la censure n’existe pas, elle est remplacée par l’inattention, l’indifférence, le bruit de fond du fleuve d’informations qui s’écoulent sans produire le moindre effet.