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Citation de fanfan50


Regarder le soleil lancer ses rayons flamboyants à l'intérieur de ma cellule, sur mon autel et mon crucifix semblait être quelque chose d'inoffensif,, mais je l'avais laissé pénétrer plus que je voulais bien l'admettre.
Plus le temps se réchauffait, moins j'arrivais à tenir en place. Même si j'étais encore faible et que l'effort me faisait souffrir, je marchais d'un bout à l'autre de ma cellule, neuf pas de la fenêtre à la porte, puis dans l'autre sens, mes jambes voulant continuer vers l'extérieur. J'ouvrais ma règle, allais jusqu'au chapitre concernant les sensations, et je lisais, comme si le père Peter me parlait de sa voix réconfortante.

Le coeur se trouble seulement à cause de quelque chose que l'on a vu ou entendu, goûté ou senti, en provenance de l'extérieur. Et c'est si vrai que plus les sens s'envolent vers l'extérieur et moins ils voyagent à l'intérieur. Plus la recluse regarde au dehors et moins elle reçoit de lumière de notre Seigneur en dedans.

Je comprenais les mots, mais j'avais l'impression que dans mon état fragile, je ne pouvais pas résister davantage à l'appel de mes sens. Je n'avais jamais pensé que les sons et les odeurs pouvaient être séparés du reste ; j'ai commencé à les reconnaître chaque jour un peu mieux, comme si je déroulais fil après fil un écheveau emmêlé. Ca c'est une roue de moulin, une charrette, un sac qu'on traîne, de l'eau projetée d'un seau, quelqu'un qui creuse, une faux, une charrue labourant, et j'entendais même parfois le bruit des graines qu'on éparpille. Ca c'est le pas lourd et fatigué de Louise, le rire d'Anna, la voix d'Eleanor ; ça ce sont des jurons, des soupirs, des rires, les gémissements et les halètements de corps qui s'étreignent, des grognements de fatigue, de frustration, de tristesse. Ca c'est le vent par un jour de beau temps ; une brise qui remue à peine les feuilles ; la pluie sur la terre, la pierre, sur le chaume ; ça c'est le silence de la neige qui tombe.
Les odeurs étaient plus difficiles à reconnaître : toutes les sortes d'excréments et de pourriture, le foin, le blé et le jonc séchés, les panais fraîchement récoltés, la bière renversée et éventée, le sang séché, le poisson séché, la sueur et la saleté qui s'infiltraient partout. De toutes les odeurs, celle qui me manquait le plus, c'était mon eau parfumée.
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