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Citations de Robyn Cadwallader (13)


Cette année, pour cette veillée des morts, il n'y avait personne avec moi, personne pour me dire que j'étais vivante. Mais je ne l'étais pas ; ma règle affirmait que j'étais morte au monde, que cette cellule était ma tombe.
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De toutes les odeurs, celle qui me manquait le plus, c'était mon eau parfumée. Elle avait fait partie de ma vie ; le broc dans ma chambre qu'Elsbeth remplissait chaque jour avec de l'eau et des pétales de violette, ou bien du romarin et de l'orange. Le parfum flottait autour de moi à chaque fois que j'en versais et persistait sur mes mains et mon cou, embaumait mes vêtements et mes draps. Maintenant qu'il n'existait plus, je découvrais à quel point, je l'avais aimé. Anna apportait des bouquets d'armoise, de rue et de romarin à l'occasion, pour les accrocher dans ma cellule afin d'éloigner les phalènes, mais l'odeur était âpre. J'avais envie de lui demander de cueillir des violettes ou des pétales de rose et elle l'aurait fait avec plaisir, en me disant que tout ça était des dons de Dieu.
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Je n’avais jamais pensé que les sons et les odeurs pouvaient être séparés du reste ; j’ai commencé à les reconnaître chaque jour un peu mieux, comme si je déroulais fil après fil un écheveau emmêlé. Ça c’est une roue de moulin, une charrette, un sac qu’on traîne, de l’eau projetée d’un seau, quelqu’un qui creuse, une faux, une charrue labourant, et j’entendais même parfois le bruit des graines qu’on éparpille. Ça c’est le pas lourd et fatigué de Louise, le rire d’Anna, la voix d’Eleanor ; ça ce sont des jurons, des soupirs, des rires, les gémissements et les halètements de corps qui s’étreignent, des grognements de fatigue, de frustration, de tristesse. Ça c’est le vent par un jour de beau de temps ; une brise qui remue à peine les feuilles ; la pluie sur la terre, la pierre, sur le chaume ; ça c’est le silence de la neige qui tombe.
Les odeurs étaient plus difficiles à reconnaître : toutes les sortes d’excréments et de pourriture, le foin, le blé et le jonc séchés, les panais fraîchement récoltés, la bière renversée et éventée, le sang séché, le poisson séché, la sueur et la saleté qui s’infiltraient partout.
(p. 161)
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J'étais une femme écartelée entre la vie et la mort, entre ce monde et le paradis. Mais malgré la force de mon engagement envers le Christ, mes désirs persistaient; mes douleurs réclamaient du soleil, une journée dans les champs. J'étais coincée entre ma cellule et le monde au-dehors.
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La porte s'ouvrait sur les ténèbres. J'ai pris une profonde inspiration et ai pénétré à l'intérieur. Tout autour de moi n'était qu'obscurité et je sentais l'humidité sur mon visage.
Ils m'ont déposée par terre; de la poussière et des mots sont tombés sur moi, à l'intérieur de ma bouche et dans mes yeux. La mort me désirait et je l'ai acceptée :
_ Je resterais ici pour toujours; c'est la maison que j'ai choisie.
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Les jours de fêtes religieuses à l’église, l’odeur de l’encens flottait jusqu’à moi en passant par mon hagioscope même si elle se dissipait rapidement. Les vêtements de Louise et d’Anna embaumaient encore un peu quand j’ouvrais les volets pour lire avec elles et c’était à ce moment-là que le manque était le plus dur à supporter. J’ai remarqué pour la première fois à quel point les poils roux d’Ouste étaient soyeux, qu’elle sentait parfois la mort, la paille ou l’herbe mouillée. J’ai pris conscience de ma propre puanteur et je me suis lavée plus souvent.
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De toutes les odeurs, celle qui me manquait le plus, c'était mon eau parfumée. Elle avait fait partie de ma vie ; le broc dans ma chambre qu'Elsbeth remplissait chaque jour avec de l'eau et des pétales de violette, ou bien du romarin et de l'orange. Le parfum flottait autour de moi à chaque fois que j'en versais et persistait sur mes mains et mon cou, embaumait mes vêtements et mes draps. Maintenant qu'il n'existait plus, je découvrais à quel point, je l'avais aimé. Anna apportait des bouquets d'armoise, de rue et de romarin à l'occasion, pour les accrocher dans ma cellule afin d'éloigner les phalènes, mais l'odeur était âpre. J'avais envie de lui demander de cueillir des violettes ou des pétales de rose et elle l'aurait fait avec plaisir, en me disant que tout ça était des dons de Dieu.
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Regarder le soleil lancer ses rayons flamboyants à l'intérieur de ma cellule, sur mon autel et mon crucifix semblait être quelque chose d'inoffensif,, mais je l'avais laissé pénétrer plus que je voulais bien l'admettre.
Plus le temps se réchauffait, moins j'arrivais à tenir en place. Même si j'étais encore faible et que l'effort me faisait souffrir, je marchais d'un bout à l'autre de ma cellule, neuf pas de la fenêtre à la porte, puis dans l'autre sens, mes jambes voulant continuer vers l'extérieur. J'ouvrais ma règle, allais jusqu'au chapitre concernant les sensations, et je lisais, comme si le père Peter me parlait de sa voix réconfortante.

Le coeur se trouble seulement à cause de quelque chose que l'on a vu ou entendu, goûté ou senti, en provenance de l'extérieur. Et c'est si vrai que plus les sens s'envolent vers l'extérieur et moins ils voyagent à l'intérieur. Plus la recluse regarde au dehors et moins elle reçoit de lumière de notre Seigneur en dedans.

Je comprenais les mots, mais j'avais l'impression que dans mon état fragile, je ne pouvais pas résister davantage à l'appel de mes sens. Je n'avais jamais pensé que les sons et les odeurs pouvaient être séparés du reste ; j'ai commencé à les reconnaître chaque jour un peu mieux, comme si je déroulais fil après fil un écheveau emmêlé. Ca c'est une roue de moulin, une charrette, un sac qu'on traîne, de l'eau projetée d'un seau, quelqu'un qui creuse, une faux, une charrue labourant, et j'entendais même parfois le bruit des graines qu'on éparpille. Ca c'est le pas lourd et fatigué de Louise, le rire d'Anna, la voix d'Eleanor ; ça ce sont des jurons, des soupirs, des rires, les gémissements et les halètements de corps qui s'étreignent, des grognements de fatigue, de frustration, de tristesse. Ca c'est le vent par un jour de beau temps ; une brise qui remue à peine les feuilles ; la pluie sur la terre, la pierre, sur le chaume ; ça c'est le silence de la neige qui tombe.
Les odeurs étaient plus difficiles à reconnaître : toutes les sortes d'excréments et de pourriture, le foin, le blé et le jonc séchés, les panais fraîchement récoltés, la bière renversée et éventée, le sang séché, le poisson séché, la sueur et la saleté qui s'infiltraient partout. De toutes les odeurs, celle qui me manquait le plus, c'était mon eau parfumée.
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Vous trouverez une façon de vivre avec la mort .
(p. 65)
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Je me suis mise à réfléchir à ces femmes, celles qui faisaient ce choix. Qui étaient les recluses ? Pourquoi choisissaient-elles la réclusion ? Est-ce qu'elles ressentaient de la peur, de l'excitation ? Étaient-elles sûres de leur choix ou éprouvaient-elles des doutes ? Qu'en pensait leur famille ? Est-ce que cette cellule sombre était pour elles comme une maison ? Je me suis imaginé l'intérieur d'une telle cellule. Ma question centrale était la suivante : que ressentait une recluse sur les plans physique, émotionnel,spirituel, mental ? Elle n'était plus pour moi une femme étrange. C'était une femme.Sarah. Ma recluse.
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J'allais prier pour lui, parce que j'avais juré de le faire, mais j'allais devoir m'en remettre aux mots, pas à mon cœur.
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Je me suis souvenue des images d'anges dans mon bréviaire quand j'étais enfant, si nombreux que le ciel était couvert de plumes.
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J'ai entendu que les femmes utilisaient les desseins comme un moyen de se repérer dans le livre, de se rappeler où se trouvent certaines prières.
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