Roger Kowalski

" Un sommeil différent gagnera vos paupières. La porte est en vous"...



Cette anthologie regroupe des textes publiés entre 1960 et 1976. Roger Kowalski a écrit très jeune de la poésie mais n'a finalement publié que six recueils assez courts. Il a pris aussi des cours de chant, a enseigné et juste avant sa mort brutale, à 41 ans , a ouvert une galerie d'art à Lyon.



Pour moi, c'est un poète de l'ombre et du rêve, du langage épuré et symbolique. Presque tous ses textes sont en prose, et je les ai tous aimés, pourtant je préfère souvent les vers. On rapproche ce poète méconnu d'Aloysius Bertrand, de la Tour du Pin, il me fait plutôt penser à Robert Desnos, pour ce côté rêveur éveillé, au monde imaginaire hypnotisant.



Car même si certains textes sont un peu hermétiques, j'ai été fascinée par les mots, par cet univers étrange, peuplé d'ombres, de nuit révélatrice, de gibier, de sangliers à l'affût, d'enfance vers laquelle on remonte, d'arbres et d'oiseaux.... Un personnage énigmatique, Ariel, sûrement un double de l'auteur, hante le premier recueil.



Pour vous donner envie de découvrir ce poète, comme tant d'autres injustement oublié, je le laisse lui-même vous convaincre d'entrer dans son chant intime si attirant:



" Vois: j'ai posé sur le papier un point d'encre très noire; ce feu sombre est l'eau même de la nuit ; un silence d'étoiles échevelées. "...



" Lune qui marchiez dans l'ombre à pas légers, lune ma colombe, mon ramier d'hiver, ma très jeune perdrix"....



" Arbre, arbre, secret village, amour au visage hors du temps, que je pose ma tête sur vos genoux immobiles et j'entendrai se lever les cailles , naître les fleurs amères que l'on voit sous les saules""...



J'espère que vous serez comme moi sensibles à la musique particulière de ses mots, à " cette étoile qui brille de l'intérieur", comme l'a écrit Pierre Perrin, à propos de l'auteur, dans " La nouvelle revue française". Lisons les poètes, tous les poètes!

Voilà quatre mois que je me plonge régulièrement dans l’univers merveilleux et délicat de Kowalski. Difficile d’évoquer cette vie sensible et pudique, bercée de contes, de rêveries, de tendres mélodies, d’oiseaux, de fées, de mystères, d’arbres, de sensualité, de crainte des ténèbres… Quelle belle âme que ce poète ! Il y a en lui la limpidité trouble d’un enfant nourri de mythes et de Nerval, et l’angoisse des incertitudes et des lassitudes adultes, le grondement émerveillé de l’âme qui s’éveille à la vie et la sagesse de celui qui a vécu, en toute modestie et en toute fragilité, avec une courageuse simplicité. Un regard ruisselant de féeries et d’élégance, des mains tâtonnant les rêves, une silhouette vêtue de lumière, discrète mais persistante : tel m’est apparu Kowalski. Une épiphanie poétique.
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