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Citation de enzo92320


De quand date votre dernier MBL ? Une semaine ? Quatre jours ? Moins ? MBL pour « mot au bout de la langue ». Des statistiques ont montré que le phénomène est universel, qu’il affecte jeunes et vieux – avec une plus grande fréquence, évidemment, quand on avance en âge. Souvent, l’expérience s’accompagne d’une montée d’angoisse. Daniel Schacter cite le cas d’un vice-Premier ministre Britannique interviewé sur un projet architectural financé par la Loterie nationale. Pendant l’interview, il ne peut retrouver le mot « loterie ». Il l’a au bout de la langue, mais impossible de le récupérer. La tension monte, le ministre ne sait comment s’en sortir. Finalement, il lâche : « Bon, eh bien, la tombola ! » Rire général.

Le vice-Premier ministre, lui, a fait semblant de rire. Car l’expérience du MBL est toujours inquiétante. D’abord, la victime s’imagine menacée par ce qu’elle pense être un début de dégénérescence de ses facultés mentales. Puis, quand le mot oublié refait surface, la raison reprend ses droits. Les statistiques disent que le MBL est retrouvé, en général, dans la minute qui suit. Mais comment ? Et pourquoi est-il resté, une minute durant, sur le bout de notre langue ?

Le plus souvent, la personne en proie à un MBL connaît la première lettre du mot, et c’est le reste qui ne vient pas. À la différence de l’étourderie, le mot a été correctement encodé par la mémoire. Ce qui ne marche pas, c’est le rappel. Pourquoi ? On ne le sait pas vraiment. Un psychologue britannique, James Reason, incrimine les « mauvaises sœurs », par allusion aux sœurs de Cendrillon qui cherchent à attirer l’attention du prince. Ce sont les mots qui viennent spontanément à la bouche pour remplacer celui qu’on cherche. Par exemple, pour reprendre l’exemple précédent, vous cherchez « loterie » et c’est « tombola » ou « jeu de hasard » ou « tirage au sort » qui se présentent. Ces mots importuns allongent la durée de l’état MBL. En empêchant l’esprit de faire, dans le silence, son travail de récupération, ils dispersent sa concentration. Comment faire autrement ?

Daniel Schacter nous donne un conseil très simple : chaque fois qu’un mot vous restera sur le bout de la langue, pensez à un gâteau au chocolat. Le gâteau n’a rien à voir avec ce que vous cherchez, mais c’est le but. En chassant les mauvaises sœurs, il permettra à votre esprit de retrouver le mot oublié. Le résultat n’est pas garanti, mais que voulez-vous ? Nous n’avons rien d’autre.
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