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Citation de sonatem


     
…une intensité expressive et une sobriété à vous couper le souffle si le sujet l’exige…tout cela est, me semble-t-il, aux antipodes de la « musique pure ». Appliqué à Bach, ce concept flou est grotesque : sa musique rutilante, où s’accumulent les symboles est tout, sauf « pure » !
Si l’idée de pureté en art est liée au classicisme, la musique de Bach ne serait donc pas classique. Serait-elle baroque ?... Fort peu, en dépit des classements hâtifs. De façon générale, on qualifie de baroque une tendance esthétique du XVIIè siècle, opposée à l’art de la Renaissance. Le baroque est un art de mouvement est d’abondance et la variation en est très représentative. En cela, Bach est baroque. Mais l’art baroque est lié au catholicisme, à l’Italie, à la vanité des princes absolutistes. Et le monde de Bach est autre : il est luthérien, allemand et sans complaisance à l‘égard des puissants. Il connaît la musique italienne de l’extérieur : il l’étudie, l’imite parfois, lui emprunte des procédés techniques, mais il n’en n’est pas imprégné…et la musique italienne qui l’intéresse (Vivaldi surtout) est déjà presque classique. D’ailleurs le baroque allemand fleurit davantage à Vienne, à Munich, et à Dresde qu’à Leipzig.
Bach n’a vraiment ni la pureté classique ni l’exubérance baroque : il est absolument singulier, en plein milieu de l’histoire de la musique. Il faut y réfléchir avant de céder aux terrorismes esthétiques exercés en faveur de telle ou telle doctrine d’interprétation.
Après s’être interrogé vainement sur l’appartenance de Bach à l’esthétique baroque ou classique, on pourra se poser aussi vainement la question : sa musique est-elle savante ou populaire ? Elle est savante : on l’a montré cent fois et il est facile d’en multiplier les preuves. Mais elle est aussi populaire : le choral, âme de cette musique, lui garantissait d’être comprise par un auditoire qui connaissait par cœur ces vieux cantiques et, aujourd’hui encore, on observe à quel point les Passions et les cantates peuvent toucher un très large public.
     

La poésie des chorals qui anime l’œuvre de Bach doit sa fraîcheur à ses sources populaires. Le fond du répertoire est constitué par les recueils de cantiques publiés de 1523 à 1545 sous la supervision de Luther lui-même. La plupart des mélodies, quelle qu’en fût l’origine, furent adaptées par Johann Walter (1496-1570), le conseiller musical du réformateur.
     
Rompant avec la tradition du motet, le choral place à la partie supérieure de la polyphonie la mélodie principale et toute la congrégation est admise à se joindre au chœur pour la chanter. Cette active participation musicale rend bientôt les mélodies de chorals très populaire dans l’Allemagne luthérienne. Jean-Sébastien Bach possédait un exemplaire d’un recueil publié à Leipzig en 1697, contenant cinq-mille chorals en huit volumes. Trente-six poèmes sont dus à Martin Luther lui-même …
     
(IV. Son œuvre dans l’histoire, et le choral, pp. 295-299 – Edition du Seuil, 1984)
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