Romain Gary

Pour elle, chaque fois qu'un avion de la R.A.F bombardait un objectif, j'étais à bord. Dans chaque bombe, elle reconnaissait ma voix. J'étais présent sur tous les fronts et je faisais frémir l'adversaire. J'étais à la fois dans la chasse et dans le bombardement et, chaque fois qu'un avion allemand était abattu par l'aviation anglaise, elle m'attribuait tout naturellement cette victoire. Les allées du marché de la Bufffa [à Nice] devaient retentir de l'écho de mes prouesses. Elle me connaissait, après tout. Elle savait bien que c'était moi qui avais gagné le championnat de Nice de ping-pong, en 1932.