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Citation de ChezLo


René le scrute de haut en bas, en se massant le bras, sans vraiment l'écouter, enregistrant chaque détail du visage empourpré, le densité des sourcils formant comme une barre continue au-dessus des yeux étirés, les oreilles asymétriques, dont une semble avoir souffert d'une déchirure ancienne et qu'on a rafistolée au petit bonheur, le nez, court et pointu, les dents étonnamment régulières et blanches. Et puis il y a l'odeur, l'odeur de la rage qui bouillonne en lui, de sa transpiration, et celle, encore plus forte de poisson, de coquillages, d'algues et de mer. René se surprend à aimer ce parfum fort et brutal ainsi que cette rade dans son dos, et la lumière qui tombe sur le sombre de l'eau comme une colonne de marbre éblouissante, et le goéland impassible sur le muret qui s'apprêt peut-être à s'envoler.

C'est comme si une incarnation de la mer d'Iroise à deux balles, dépenaillée, se tenait là, devant lui, furieuse et déterminée, un Poséidon d'opérette dans tous ses états, crachotant et battant la falaise de lames obstinées et apparemment vaines.
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