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Citation de LesFacesLitteraires


Greg s'assied sur le canapé près de moi.
- Je me disais, on devrait peut-être prendre un rendez-vous avec ta conseillère ensemble, non?
- Ma conseillère...
Je répète le mot lentement, avec précaution. J'avais oublié que j'avais un conseiller, c'est intéressant. Car jusqu'à aujourd'hui, malgré toutes les choses que j'ai oubliées, je n'ai pas oublié une seule seconde que j'ai la maladie. Même quand j'oublie que le présent est le présent et que je m'en vais ailleurs, la maladie est toujours là, tapie, tel le bourdonnement distant d'un néon. Alors si j'ai oublié Diane jusqu'à ce qu'il y fasse allusion - Diane, ma gentille, trop cultivée et très agaçante conseillère - eh bien, cela signifie peut-être quelque chose. Comme par exemple que, sans même m'en rendre compte, j'ai reculé un peu plus loin dans les ténèbres.
- Je ne suis pas prête, dis-je tout haut.
- Je ne voulais pas dire tout de suite, corrige Greg. (Sa main flotte un instant au-dessus de la mienne, puis il la retire.) Mais je pourrais appeler pour prendre un rendez-vous. Honnêtement, Claire, je croyais être capable de gérer tout ça mieux que je n'y arrive en réalité. Je pensais qu'il me suffirait d'être courageux, stoïque, de tout porter à bout de bras. Je n'avais pas envisagé que ça puisse avoir un impact sur nous. Tu me manques et je ne sais pas comment gérer la façon dont les choses ont évolué.
Je ne réponds rien pendant un moment. J'essaie de comprendre pourquoi certaines choses me restent et d'autres non ; pour quelle raison Diane m'est complètement sortie de l'esprit, alors que je me rappelle chaque détail des vingt minutes que j'ai passées à la bibliothèque avec Ryan. Pourquoi mon cerveau me donne-t-il ça afin que je m'y raccroche, quand il me refuse le souvenir de l'amour que j'éprouvais pour Greg ? Je le regarde. Il est tellement gentil. Le rencontrer a été une bénédiction pour moi, d'autant qu'il m'a donné Esther, alors pourquoi mon cerveau ne veut-il plus me permettre de ressentir ces sentiments maintenant, à un moment où ça me ferait tellement de bien ?
- Je suis désolée, lui dis-je enfin. (Il lève les yeux vers moi, scrute mon visage comme pour vérifier que c'est vraiment moi.) Je ne veux pas te blesser. C'est même la dernière chose dont j'ai envie. Tu es un homme tellement bon et un père fabuleux. Et tu es vraiment gentil avec moi. À ta place, j'aurais plié bagage et je me serais déjà tirée depuis longtemps.
- C'est précisément ce que je veux éviter, commente-t-il. Je ne pourrai jamais te quitter, Claire.
- Merci, dis-je avec un sourire.
C'est pour lui que je le fais, ce sourire. Car si la maladie découpe des morceaux de moi, ou qu'elle les étouffe, je reste moi. Je sais encore ce qui est bien et ce qu'il faut faire. Et je veux être la meilleure épouse possible jusqu'à mon dernier souffle, même si cela implique de réapprendre la politesse. Je finis par capituler.
- D'accord. Prends rendez-vous et nous irons ensemble. On ne sait jamais, ça pourrait aider.
- Merci, dit-il en prenant soin de maîtriser ses émotions. Merci. Bon, il faut que je parte au travail. Qu'est-ce que tu vas faire aujourd'hui ?
- Eh bien, ma geôlière m'a consignée, du coup je vais sans doute jouer avec Esther et écrire un peu dans mon carnet. J'espère que Caitlin va prendre contact avec le parleur, pour me raconter comment elle va. Je suis certaine qu'elle me donnera des ses nouvelles dès qu'elle sera prête.
- J'en suis certain, oui. Bien, alors à ce soir.
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