Il m’a fallu plus d’une décennie avant que je ne me sente en état de retourner à Monrovia pour affronter les conséquences de cette ultime nuit. Et j’avais alors cinquante-huit ans. Pas vraiment une vieille femme, en tout cas pas selon l’échelle d’aujourd’hui, mais pas mal décatie pour ce qui est du visage et du corps. [...] Je ne suis que la coquille de ce que j’étais il y a douze ans. En vieillissant, nous devenons des animaux différents. Surtout les femmes. Et quand nous sommes devenues un animal qui n’a plus d’intérêt sexuel, les jeunes – parce qu’ils croient qu’ils ne seront jamais vieux – nous traitent comme si nous étions une autre sorte de primate. Comme si l’un de nous était un chimpanzé et l’autre un être humain.