AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Osmanthe


En fait, tous ces gens présents dans le club de rencontres n'étaient pour moi que des robots, des mannequins. La fille numéro deux avait dit qu'elle se sentait un peu seule. Elle aurait bien voulu faire autre chose mais ne savait pas quoi, alors elle avait échoué dans ce club, histoire de parler avec quelqu'un. La fille numéro trois, c'était la même chose. Elle s'était retrouvée à chanter Amuro dans ce lieu suant la tristesse simplement parce qu'elle ne savait pas quoi faire d'autre. Le quadragénaire amateur de karaoké draguait la fille numéro cinq mais il lui avait dit : " On voit tout de suite que vous êtes le genre de fille à faire les téléphones roses." La fille lui avait seulement répondu quelque chose comme : "Ah, bon, à quoi vous voyez ça ?" sans se fâcher le moins du monde. Le patron du club était typique de ces hommes qui font commerce à Kabukichô : sa jalousie, son sentiment d'échec, ses émotions, tout était paralysé en lui, ce qui le rendait capable de rester indifférent à la vue de sa propre femme ou de femmes de sa connaissance faisant n'importe quoi avec des inconnus. Quant au serveur, il avait une dégaine à faire partie d'un groupe de musiciens. Encore un de ces types qui ne connaissent rien à la musique, n'essaient même pas de s'y intéresser mais fondent quand même un groupe, uniquement pour pouvoir se retrouver entre copains. Il semblait seulement jouer le rôle d'un certain type d'être humain, comme s'il suivait les ordres de quelqu'un. Le peu de temps que j'étais resté en contact avec tous ces gens, je m'était senti énervé en permanence, comme si je n'avais pas affaire à des êtres de chair et de sang mais à de vulgaires peluches bourrées de polystyrène ou de sciure de bois. Même la vue du sang épais qui dégoulinait de leurs gorges tranchées ne m'avait pas redonné le sentiment de leur réalité. Le sang coulant de la gorge de la fille numéro cinq ne m'avait évoqué que de la sauce soja, comme si elle n'était pas vraiment humaine. Et la fille numéro un, Maki, pas une seule fois dans sa vie elle n'avait dû se poser la question de savoir ce qui lui allait vraiment ou ce qu'elle voulait faire de sa vie. Elle était seulement persuadée que si elle s'entourait d'objets de super-luxe, elle deviendrait elle aussi une personne de super-luxe. Seulement pour elle, avoir de la classe, ça se limitait à acheter des blocs de tofu à cinq cents yens pièce, du sashimi de carpe à deux mille yens le paquet, des vêtements Junko Shimada, dormir au Hilton de Disneyland et prendre les premières en avion. Elle était persuadée que seuls les gens qui pouvaient se payer tout ça avaient vraiment de la classe, et qu'elle aussi aurait de la classe si elle pouvait ne vivre qu'entourée de ce genre de personnes.
Tous autant qu'ils étaient, ce n'était que des rebuts, ce qui ne veut pas dire que je valais mieux. Je n'étais pas très différent d'eux, c'est même pour ça que je les comprenais bien et qu'ils m'agaçaient.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}