Payot - Marque Page - Ryù Murakami - Chansons populaires de l'ère Showa
Elle ignorait que le futur, c'est perdre ce qu'on a maintenant, et voir naître quelque chose que l'on n'a pas encore.
En ce moment, tu sais, je passe des heures tout seul, à regarder beaucoup... la pluie, les oiseaux, les gens qui passent dehors, tout bêtement. Tu ne peux pas savoir comme c'est intéressant, si tu regardes assez longtemps.
La littérature n'a que faire des questions de moralité.
Quelque part au fond de mon coeur, dans un recoin inconnu de moi-même, il y a cette pensée : le monde peut s'écrouler tout d'un coup.
Si je ne suis pas capable de déterminer quelle est la chose la plus importante pour moi maintenant, je ne peux pas me défendre contre les soucis.
Si je ne m'occupe pas de mes soucis, ils se développent à l'infini, et en un clin d'œil, détruisent le monde.
J’ai connu des excitations très fortes, j’ai eu des orgasmes, de gros orgasmes et de petits orgasmes, des orgasmes de souris blanche et des orgasmes de baleine, pour vous donner un point de comparaison. Des orgasmes qui me prenaient la chatte et venaient irradier mon cerveau, d’autres plus légers qui ne faisaient que très légèrement frétiller mon clitoris. Mais je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir épuisé toutes les possibilités. Voilà ce que je venais de comprendre en découvrant ce pauvre type occupé à écouter du Santana, cette musique qui exprime la mélancolie neurasthénique dans laquelle est tombée l’Europe, ce pauvre type incapable de la moindre érection et dont j’avais désiré la bite dans mon con.
La deuxième chose que je déteste le plus au monde, c'est qu'on se trompe sur mon compte, et la première, c'est qu'on croie me comprendre.
C’était la première fois que je prenais de la drogue. Je n’avais même jamais fumé de la marijuana. Lorsque les deux lignes de coke pénétrèrent dans mes narines, j’eus l’impression qu’un feu d’artifice froid explosait dans mes sinus. Une sensation glaciale de brûlure, comme on provoque la neige carbonique, une sensation semblable à l’étincelle causant l’explosion initiale dans un moteur. Puis ce fut une impression d’anesthésie dans les muqueuses de mes narines et dans ma gorge qui se propagea bientôt dans tout mon corps. Avale donc une gorgée de bière, dit le singe en riant. Je bus un peu de Corona. Les bulles éclatèrent dans ma bouche comme un violent orage s’abattant sur une terre aride et vinrent stimuler mon œsophage. L’amertume du houblon provoqua bientôt sur mon palais et dans mon estomac une réelle sensation de plaisir. Alors ? demanda le singe. Wouah ! C’est bon ! répondis-je et nous éclatâmes de rire.
Une serveuse qui devait avoir dans la quarantaine, le visage asymétrique, vint prendre la commande. Frank Sinatra, dit l’homme. Je demandai une bière.
- Qu’est-ce qu’un Frank Sinatra ?
- Un mélange de Wild Turkey et de gin Tanguery. On peut aussi mélanger du Canadian Club et de l’Absolute mais ça devient un Gary Cooper. Cognac et Cherry et tu as un Jean Gabin. C’est moi qui les ai tous créés. Et ce sont ces cocktails qui ont le plus de succès dans ce bar.
J’avais la gorge sèche et du mal à respirer, ma respiration se résumait à un râle sec. Je vidai d’une traite une troisième bouteille de Corona et ressentis aussitôt les vingt centilitres de bière plonger directement dans mes couilles avant de se répandre en moi.
Il aimait mes pieds. Il avait l’habitude de les sucer en les prenant dans sa bouche et cette espèce de cérémonie s’est déroulée tout le temps que nous nous sommes fréquentés. Et je lui suis reconnaissante d’avoir su tenir sans jamais faillir son rôle de sadique, car sucer les pieds d’une femme est un acte qui développe facilement les tendances masochistes d’un homme.