Il se jeta sur le canapé avec la flasque en main, prompt à se projeter dans le futur, un futur long d'un jour de plus.
Pour oublier le trop de froid, le trop de chaud, le trop de désespoir qui t'enveloppe jusqu'à t'étouffer.
Il racontait un voyage à Nazareth, où il s'était rendu afin de découvrir les ressemblances entre ces gens-là et nous, ces gens désespérés qui nourrissent le futur avec la mémoire du passé, sans rire ni rêver.
Sur le tard, quand le soleil descendait vers la plaine d'Ollini, une lumière intense inondait le village, et les campaniles des églises se réverbéraient dans le ciel comme des mirages.
Ce bavoir de terre, il l'avait reçu d'une administration publique, lorsque après la guerre on avait voulu illusionner le peuple avec le grand rêve de repeupler les campagnes.
La confiance dans le monde s'en était allée comme une molaire cariée et l'estime qu'il avait de lui-même l'avait quitté comme une amante déçue, comme des pellicules légères.
Tôt le matin il se consacrait à sa théorie versifiée des deux éléments qu'il croyait à la racine de toute chose, le Rien et le Chaos.
incipit
L'aboiement des chiens venait se plaquer contre les vitres des maisons de Pirakerfa comme un masque urticant et laiteux.
Dans sa tête , des pensées s'emballaient qui se heurtaient aux grilles d'une cage qui ne voulait pas s'ouvrir.
Il ne savait aucun gré à ce pays qui l'avait rendu vieux trop vite.