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Citation de Bazart


« J'avais trouvé le moyen de me fouler la cheville. Limité dans mes déplacements, je restais au jardin. J'avais là un remède à la bougeotte, un anti-voyage. J'étais acculé à la contemplation. "Qu'ai-je besoin d'aller voir ailleurs, pensais-je, quand le monde est contenu dans un brin d'herbe ? Que vaut ma curiosité pour l'étranger quand je manque de curiosité pour la terre que je foule ? Ce n'est pas la quantité de choses vues qui fait l'artiste, pas plus que c'est le nombre de lectures qui fait le sage. Si je suis aveugle à la beauté du lombric, je suis aveugle à celle du tigre. Si je ne sais pas voir la beauté de la fougère, je ne saurai pas voir celle de la rose. Et que m'importe la splendeur de l'or puisque ce granit tatoué de lichen suffit à me ravir ! La beauté est divine et ordinaire. Le miracle est là qui nous entoure et nous ne le voyons pas. Il nous pénètre et nous ne le sentons pas. Le rossignol ajoute sa voix au cantique de l'univers mais nous, pauvres humains, nous maugréons dans notre coin, c'est-à-dire dans nos villes. Amis artistes, au travail ! Le monde est beau, il faut y mettre du sien." Mais alors à quoi bon voyager puisque tout est là ? Réponse : pour voir enfin ce qu'on a sous les yeux, faut parfois se mettre en marche. Le voyage n'est rien d'autre que cette mise en branle qui nous rend un peu lus attentifs à la beauté du monde. En ce sens, une balade de vingt minutes autour d'un pâté de maisons est un voyage, si elle me fait enfin voir le chat pelotonné sur un muret, le vieux bâille sur son banc, le lombric qui se tortille sur le bitume, et qui attendait notre secours. »
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