Samuel Berger

Il est impossible de comprendre l'importance de la réforme opérée au seizième siècle dans l'étude de la Bible, si l'on ne se rend compte, en premier lieu, de ce qu'était la connaissance de l'Écriture sainte dans les derniers temps du moyen âge. Il faut savoir en quelle considération était tenue la Bible, et quels étaient les manuels de ceux qui voulaient l'étudier; il faut connaître les principes appliqués par les théologiens à son interprétation. Alors on comprendra quelles difficultés ont eu à vaincre les Humanistes et les Réformateurs, on se rendra compte aussi de la victoire qu'ils ont dû remporter sur les habitudes invétérées de l'esprit théologique, et sur les traditions dans lesquelles ils avaient été élevés.

Voici ce que signifie ta vision. Si tu as vu un homme monter du cœur de la mer, c'est celui que le Très-Haut conserve, depuis des temps lointains, et par lequel il veut racheter la création; celui qui, parmi ceux qui resteront, créera l'ordre nouveau... Et, si tu l'as vu appeler et rassembler une autre armée paisible, cette armée est faite des dix tribus qui furent déportées de leur pays aux jours du roi Josias, celles que Salmanasar, roi des Assyriens, avait faites captives, les transportant au delà du fleuve et les transplantant en un autre pays. Alors, elles projetèrent d'abandonner la foule des païens, et d'aller, plus loin encore, s'établir en un pays qu'aucun homme n'avait habité jusque-là, afin d'y observer au moins les commandements qu'elles n'avaient point suivis dans leur propre patrie. C'est ainsi qu'elles franchirent l'Euphrate par d'étroits passages, car le Très-Haut fit pour ces hommes des miracles et arrêta les sources jusqu'à qu'ils eussent passé. Il y a une marche d'un an et demi jusqu'au pays où ils se rendirent, et ce pays se nomme Azaret. Ils ont habité jusqu'en ces derniers temps, mais maintenant qu'ils doivent revenir, le Très-Haut arrêtera de nouveau pour elles les sources du fleuve, afin qu'elles puissent passer. C'est pourquoi tu as vu dans ta vision, une paisible armée. (IV Livre d'Esdras, XIII 25-47.)

La terre rend ceux qui dorment en elle; la poussière lâche ceux qui, en elle, reposent; les demeures restituent les âmes qui leur furent confiées. Le Très-Haut paraît sur son trône de juge. Alors vient la fin et la pitié s'en va; la compassion est loin, la clémence disparue; seul le jugement demeure, la vérité subsiste et la foi triomphe; la récompense arrive, le châtiment paraît; les bonnes œuvres s'éveillent, et les mauvaises ne dorment plus... Alors apparaîtra la fosse des tourments et en face d'elle, le lieu des joies rafraichissantes; alors se montrera la fournaise de la géhenne, et, en face, le paradis de la félicité.[...] Et ce jour sera tel qu'il n'aura ni soleil, ni lune, ni étoile, ni nuage, ni tonnerre, ni éclair, ni vent, ni pluie, ni brouillard, ni ténèbres, ni soir, ni matin, ni printemps, ni chaleur, ni hiver, ni midi, ni minuit, ni crépuscule, ni lumière, ni clarté, ni lueur,- mais seul l'éclat de la splendeur du Très-Haut, où chacun pourra voir le destin qui l'attend. (IVe Livre d'Esdras, VII, 32-43.)