Débuté 20 mars 2015-4 avril 2015
La Barbaresque
Il existe malheureusement des « orphelins » dans les livres accumulés dans nos bibliothèques, que tel ou tel ami, ou proche nous a conseillés, et dont pour des raisons obscures, mystérieuses, et souvent injustifiés, nous avons reporté la lecture…au fil des ans. Ainsi, je lis et découvre enfin ce récit personnel, conseillé par une amie il y a fort longtemps…. où une femme raconte ses manques, ses quêtes, et surtout, celle, essentielle qui la mine : la quête de son père, qu’elle n’a jamais connu, qui vit en Algérie…En intense manque d’amour, de repères, elle assiste un jour à un concert de la chanteuse, Barbara, et se prend d’une admiration inconditionnelle et obsessionnelle pour la chanteuse. Elle la sollicitera, lui écrira, lui enverra des poèmes, lui téléphonera…Comme toute adolescente ou très jeune adulte… elle prend Barbara comme un idéal, un modèle, à qui elle demande l’impossible : la guérir de sa quête du père…ou du moins en atténuer la douleur intime lancinante.
• « Enfin, j'ai un père, il vient de m'appeler sa fille. J'ai un vertige atroce; à nos pieds cette merveilleuse montagne, cet âne, ce boeuf, ces chèvres, animaux bibliques; mon père vit ici en reclus, en prières. Je ne pouvais imaginer plus parfaite rencontre. « (p.177)
« Je suis comme une vague démesurément gonflée qui aurait cherché très longtemps sa plage avant de s'échouer. » (p.167)
La narratrice, l’auteure, nous est, tour à tour attachante ou horripilante, exaspérante, car il faut le dire, même si Barbara paraît ambiguë, ne la rejetant pas mais la laissant à distance (et combien on comprend car la demande de reconnaissance de cette très jeune femme est gigantesque , paraît insatiable !), ces sollicitations peuvent être qualifiées d’ »harcelantes », au fil du temps !
« Elle [Barbara] est arrivée , accrochée au rideau de velours grenat de Bobino, souriante, émue, inquiète. Corps automate "intensément long", "élégamment long". Elle nous a tous regardés avec un sourire en coin curieusement coquin et inquiet. Ce climat de connivence immédiat avec le public m'enchantait, me charmait. Elle était la première "grande chanteuse", cette insolite, que je voyais sur scène. Elle s'assied au piano, sa voix s'élève. Je suis muette d'émotion, d'admiration. Elle m'arrive comme quelqu'un que j'attends depuis très longtemps. » (p.84)
Ce récit est touchant, fort bien écrit ; Cette narratrice, en mal de vivre, traverse crises d’angoisse, épisodes dépressifs intenses, etc… tant le manque de ce père, et l’ignorance de ses origines la déstabilisent, la fragilisent…on ne peut que compatir à ce parcours douloureux, solitaire,…et à la construction délicate de cette jeune femme. Il est aussi fort bien décrit toute l’ambivalence que peuvent contenir les rapports complexes entre les spectateurs-fans et leur idole choisie !
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Ce roman qui ne date pas d'hier, je l'ai trouvé sur un site d'achat de livres d'occasions et je suis assez contente de cette trouvaille.
Si ce n'est pas un grand livre, j'y ai trouvé, outre bien évidemment les nombreuses références à la chanteuse qui m'émeut toujours autant, beaucoup de clins d'oeil à l'époque de ma propre adolescence, années 60.
C'est écrit simplement, et l'auteure nous fait part de ses émotions, et de la quête de son identité à travers la recherche de son père, né en Algérie.
Sandra Thomas écrit des poèmes, que j'ai trouvés très beaux, et j'y ai trouvé l'écho de la poète que je croyais être, à l'âge de 15 ans. merci pour tous ces souvenirs.
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