La lune soulève chaque nuit la paume de mes mains
J'implore le silence pour entendre les étoiles
J'avance à petits pas dans la pénombre de tes rêves
je n'ai pas peur désormais
je pleure parce que les larmes sont des rivières d'histoires rouges
le bleu de mes songes vient de la mer
Rita Mestokosho
Chaque fois que le geste d'écrire grave
un mot un silence un labyrinthe de plus
ma main se pose
sur la tienne entend ce qui nous lie
enlace le souffle à l'air
la frontière de nos mains au poème
nos yeux dans le noir ouverts
Diane Régimbald et Geneviève Gosselin-G.
Chavirer les eaux
Écrire une voix venue d'ailleurs
des origines au temps présent
Prend feu une douleur dans le vent jetée
me colorent les cendres
d'une tristesse qui soulage
les restes se cristallisent
p.14
Geneviève Gosselin-G. et Diane Régimbald
A nos pieds pousse une fleur
dont nous ne savons pas le nom
une fleur mauve refermée
sur nos aveux
je porte ton parfum comme un talisman
Geneviève Boudreau
Chavirer les eaux
Je me sépare du monde pour retrouver les mots
j'entre dans ce qui rejoint
Le lit défait un drap jeté sur la table
je m'enfouis et pénètre la mesure aveugle
à même la fibre des nerfs
habite corps et voix muscles et voix cœur et voix
Chambre fenêtre fureur
rien de plié ‒ les ailes
d'un ange frôlent nos vœux
sous la peau tremble une lumière
p.19
Geneviève Gosselin-G. et Diane Régimbald
Chavirer les eaux
Lorsqu'enfant tu es tombée
les mots t'ont renversée
en des gestes simples
espaces ou t'asseoir
comme le corridor étroit de l'appartement
des cachettes dehors
tes refuges
ta parole en fleurs
p.17
Geneviève Gosselin-G. et Diane Régimbald
Chavirer les eaux
Un lit chaud m'éloigne des rues
ciel constelle de ma chambre jour de nuit
Des images rampent sur les murs
jusqu'au chant des grillons de 17 h
Mes souhaits de campagne
en couronne
seule éblouie parmi les bêtes
p.16
Geneviève Gosselin-G. et Diane Régimbald
Chavirer les eaux
Mon armée d'enfants fonce
je perds souffle et mange terre
Nostalgie en coupe portée aux lèvres
graminées trop maigres
Je quitterai l'enfance
en bascule sur la rampe
p.15
Geneviève Gosselin-G. et Diane Régimbald
Chavirer les eaux
Près de la rivière tu glisses
une roche de plus dans tes poches
pesanteur sur tes doutes
Tu redonnes un caillou à l'eau
et marches au champ
il n’y a que silence
p.17
Geneviève Gosselin-G. et Diane Régimbald
Chavirer les eaux
La mort traîne
là où tu observes les lueurs
s'enfuir des fenêtres
Seras-tu oubliée comme femme
ou comme écrivaine
tu t’extrais encore
p.18
Geneviève Gosselin-G. et Diane Régimbald