Sarah Morgan

— Papa, je ne suis pas idiote. Dans le temps, tu avais plein de nanas. Je le sais. J’ai lu un tas d’articles là-dessus sur Internet. Il y en avait un qui disait qu’il te fallait moins de temps pour avoir une fille nue dans ton lit que pour arriver au bas de la piste après une course de descente.

Et vlan ! Encore une mégadose de malaise dans les dents. Tyler réduisit de nouveau sa vitesse avant d’entrer dans le village. Des lumières clignotaient dans les vitrines et un immense sapin de Noël se dressait fièrement sur Main Street.

— On ne t’a jamais dit qu’il ne faut pas croire tout ce que tu lis sur Internet ?

— Ce que je veux dire, c’est que tu n’es pas obligé de renoncer au sexe parce que je vis dans la même maison que toi. Il faut que tu t’y remettes.

Tyler resta sans voix le temps de se garer près de la supérette du village.

— C’est une conversation normale, ça, pour une fille de treize ans ? finit-il par balbutier.

— Bientôt quatorze. Essaie de suivre, p’pa.

— Treize ou quatorze, ce n’est pas la question. Ma vie sexuelle n’entre pas dans la liste des sujets abordables entre ma fille et moi.

— Tu as déjà fait l’amour avec Brenna ? Elle fait partie de tes amoureuses ?

— Quoi ?

Etait-il techniquement possible de transpirer sans rien faire et lorsque la température extérieure avait plongé en dessous de zéro ?

— C’est une question très personnelle, Jess !

— Ça veut dire que tu as couché avec elle, alors.

— Non ! Il n’y a jamais rien eu de sexuel entre Brenna et moi.

Le sexe avec Brenna, c’était quelque chose à quoi il ne s’autorisait même pas à penser. Brenna, c’était pas touche. Territoire interdit. Il ne s’intéressait ni aux « abdos de dingue », ni aux jambes incroyables, ni à rien d’autre.