Souvent, le soir, elle avait besoin de ce temps de solitude, son moment rien qu’à elle, lors duquel elle relisait quelques pages de ce carnet à la couverture usée, patinée par les ans et les très nombreuses caresses des doigts qui l’avaient parcouru, manipulé. Les pages aussi avaient vécu, on sentait combien elles avaient été tournées, frottées. Certains mots paraissaient avoir été comme à demi gommés ou dilués par des salissures, des doigts gras sans doute ou des larmes, pourquoi pas ? Ces carnets, dits intimes, n’étaient-ils pas les réceptacles des joies, des peines, des douleurs, des fantasmes, des désirs, des interrogations ou des espoirs de leur propriétaires ?