Nous sommes le fumier, le terreau, nous donnons la matière… Il faut couper nos racines, Georges. Partir, abandonner les maisons, couper nos amarres. Ce qui nous arrive peut être à la fois bon et mauvais. Mauvais si nous nous accrochons sur place, dans cette ville malade qui finira par nous recycler tous. Bon, si cette catastrophe peut donner naissance à une race nomade, toujours en route, jamais fixée. Il ne fallait pas nous enraciner, Georges, fonder des villes, renoncer à l’errance. Une race sans attaches, sans cesse en fragmentation, pas de tribus, pas de clans… Un trajet sans halte, sinon pour prendre de l’eau ou chasser. Rouler, toujours rouler…