ATG#94 : le Retour de Brussolo
Serge Brussolo fut lun des premiers invités de lATG ! Pratiquement 7 ans plus tard, Serge écrit toujours dexcellents romans mais cest pour une plongée dans un passé plus lointain quil est de retour : la Rome antique !
Misteur D, encadré par L.U.D.M.I. et Lord Ton Père, ont écouté religieusement le professeur Serge Brussolo qui nous a emporter vers les rives du Tibre.
Jespère que vous serez aussi passionnés que nous le fûmes et merci encore à Serge pour ce moment de pur bonheur !
J'étais persuadée qu'il ne pourrait rien m'arriver de pire. Je me trompais. Je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait.
Le pire aujourd'hui, si c'était à refaire, c'est que, sachant ce que je sais, je ne suis pas certaine que je refuserais. Et cela me fait peur.
C'était la nuit des châteaux forts, quand l'obscurité avale les formes de la bâtisse et la réduit à une montagne creuse sur laquelle s'acharne ce vent dont on ne perçoit le souffle nulle part ailleurs mieux que sur un chemin de ronde. C'était l'odeur de la pierre mouillé, de la caverne primitive d'où l'humanité était sortie en rampant. Cette impression étrange de ne plus faire vraiment partie du monde mais d'être juché sur un caillou tombé de la lune, de monter la garde sur un astre naufragé, tout de granit. Un sentiment insolite vous saisissait alors, une exaltation orgueilleuse, la fierté farouche de dominer le petit peuple, d'être là, enraciné sur la roche, maître des hauteurs, plus près de Dieu qu'aucun des vilains traînant sur la plaine. Une alliance entre la pierre des murailles et le fer du haubert qui vous couvrait le corps. Matières nobles, qui en s'entrechoquant produisent des étincelles.
Avec le cerveau tout est possible, c'est un domaine que nous commençons seulement à explorer. C'est comme si nous parcourions le cosmos à pied, il faut du temps.
- Vous êtes blessé, remarqua-t-elle.
- Ce n’est rien ma fille, grommela l’homme, Notre-Seigneur Jésus en a supporté bien davantage.
Inga retint une grimace. De telles réflexions lui rappelaient trop les interminables sermons de sa mère.
Elle avait toujours détesté le dolorisme de la religion chrétienne, cette complaisance dans la souffrance, qui prenait parfois l’aspect d’un plaisir sournois.

« À l’origine l’île s’appelait Coscoja, mais en raison de sa sinistre réputation on l’a vite surnommée Casa de la Muerte, la maison de la Mort. Au fil du temps, cette appellation s’est condensée en Casa-muerta, la maison morte. Je dois avouer que c’est un nom qui lui va parfaitement… »
Caine avançait en s’appuyant au roc de la main gauche, les paupières à demi baissées, ignorant volontairement le gouffre que son pied droit côtoyait à chaque pas. Il songea que l’escalier devait être impraticable les soirs de tempête, et que l’imprudent qui s’y serait risqué n’aurait pas tardé à être emporté par les bourrasques. Nulle chaîne, nul garde-fou n’offrait la moindre chance de se raccrocher en cas de glissade. Aucun parapet ne défendait l’accès du vide, et l’on progressait de palier en palier au-dessus d’un abîme sans cesse grandissant. « Mise en scène », pensa Caine, et il avait raison. On s’était complu à cet état de choses, cultivant l’insécurité du passage avec une coquetterie morbide. « Le nid de l’aigle ! »
On n'aide pas les déments en entrant dans leur folie. Au mieux risque-t-on de devenir fou soi-même.
La montagne ne commença à saigner qu'à l 'aube du troisième jour.
"Rien de tel que l'inquiétude collective devant l'inconnu pour consolider les tyrannies."
"Là où les drogues les plus puissantes restaient sans effet, la musique médicale triomphait, alliant le plaisir esthétique au soulagement physique."
Et puis il y a les fées, aussi nombreuses et à peine plus grandes que des moustiques. Dès que vous vous endormez, elles volent jusqu’à vous pour vous embrasser. En fait, chaque fois que leurs lèvres se posent sur votre peau, elles vous volent un souvenir.