Je ne me souviens pas quand les étoiles ont attiré mon regard.
Je me souviens seulement que quelqu’un m’a dit qu’elles étaient loin, très loin, beaucoup plus loin que ça.
Alors, je me suis demandé dans quelle gigantesque sphère elles étaient enfermées avec nous au milieu.
On m’a dit qu’elles étaient enfermées par l’infini.
L’infini? Difficile à comprendre pour un enfant... je préférais une sphère bien délimitée.
Mais alors, et si la sphère elle-même était enfermée dans une autre sphère... Une infinité de fois!
Mes compagnons ne comprenaient pas mes questions stupides de rêveur qui ne comprenait rien aux jeux de société du foot au flirt.
Alors, je me suis demandé : « Pourquoi ne ressentons-nous pas tous la même chose?
Qu’est-ce l’intelligence? Qu’est-ce qui prouve que ce que je comprends est compris par les autres et vice versa?... »
Questions stupides... je me retournai vers les étoiles. « Et vous là-bas! Y a-t-il une intelligence pour partager notre solitude dans notre sphère de compréhension? »
Je savais que je n’aurais pas de réponse même en devenant astronome en quête de lointaines lumières...
Je sais que je n’aurai peut-être pas de réponse en me portant volontaire pour ce voyage.
Mais peut-être que je ferai un petit pas vers la Vérité... Si elle existe...
« Quand tu grimpes une montagne, ne regarde pas en arrière de crainte d’être saisi par le vertige de la vallée abandonnée. Ne contemple pas le sommet de peur de perdre espoir en le voyant toujours aussi loin et inaccessible. Regarde chaque pierre autour de toi, chaque prise qui te permettra de grimper en sécurité. Grimpe ici et maintenant ! »
– La liberté de choisir ! m’exclamai-je. Quel sens donnez-vous à cette proposition ? Ne pas suivre le courant dans le hasard et le chaos apparent ? Ne pas suivre les lois, ni les ordres sous quelques formes qu’ils soient ? Déduire « logiquement » quelle est la meilleure réponse à un problème, ou laisser le cerveau choisir « intuitivement » une solution non analysée et peu susceptible de l’être ?
– Vous doutez donc de la liberté ?
– Oui. J’ignore si elle existe, s’il en existe quelque chose. Mais jusqu’à présent, je n’ai pas trouvé d’argument convaincant, ni dans un sens ni dans l’autre.
– C’est exactement ce que je pensais, intervint l’Argonaute jusqu’alors silencieux. Les choix ne sont-ils pas des réponses logiques de cause à effet, mais inconnues dans les détails à cause de la complexité des calculs ? Ce que les humains appellent parfois destin ou plus prétentieusement les voies divines.
Maîtriser l'agressivité, comme le feu. Elle se manifeste partout, dans les moindres rapports sociaux, et cela, quelle que soit la taille du groupe. Partout. La discrète allumette peut embraser des forêts.
[...]
Malheureusement, vous, les Terriens, feignez d'ignorer l'existence de votre agressivité. Vous croyez que vos instincts de domination sont exorcisés en affichant quelques monstres de l'humanité que vous épinglez dans vos livres d'histoire. Et pourquoi en garder la mémoire ? Afin que ne soit jamais oublié le mal qu'ils ont fait ? Afin que la bête ne revienne plus ? Mais, la bête, est-elle une seule fois partie ? Ou plutôt, sommeille-t-elle en chacun de nous, là où
nous sommes incapables de la débusquer sous les feux follets des émotions qui nous empêchent de sonder notre âme ? Toutes vos innombrables lois ne sont que de pitoyables cache-misère !
La cité est une cathédrale corallienne. Chaque grain de corail participe à l'édifice. Il y a toujours des sommets où les grains se disputent la première place. Et il y en a au moins un qui dépasse tous les autres, mais les dépasserait-il s'il n'y avait aucune base ? Et pendant combien de temps ? Car ces grains-là, ceux du sommet, souffrent plus que les autres de l'érosion du temps et de la croissance de corail. Qu'on enlève un grain, même plusieurs, l'édifice reste et pourtant ces grains étaient peut-être à moment donné, les plus élevés.
J’ignore ce qu’est une âme. Je ne comprends pas qu’il n’y a qu’une pensée qui représente le travail de milliers de neurones. Y a-t-il un neurone central pour la pensée ? Était-ce celui-là qu’il ne fallait pas perdre pour que je me sente toujours “moi” après que l’on m’ait trituré ? Ou bien est-ce que mes neurones sécrètent une intelligence collective à l’instar des fourmis, et qui, par quelque miracle, m’apparaissent comme une entité unique.
Les zones d'ombres et de flous des sciences n'étaient pas réservées aux philosophes et aux chercheurs. Chaque phrase, chaque mot qui se prêtaient à plusieurs interprétations étaient sources de conflit. Les chasseurs de pouvoir le savaient bien, et s'en servaient aisément. Le pouvoir était ce qui dominait l'homo sapiens. Chacun à son niveau.
Il ne faut jamais regretter le passé. Il faut l'assumer, car on ne recommence jamais sa vie. Elle est unique, et donc il est impossible de comparer avec un autre choix. Il ne faut pas que le passé nous tire en arrière, mais bien au contraire nous éclaire sur nos futures décisions.
Vous avez tellement tenté de tout prévoir, que vos lois vous échappent à vous-même, à tel point que vous avez favorisé les opportunismes qui évoluent entre tout ce qui n'est pas interdit et tout ce qui n'est pas obligatoire.
Comme chaque nouvelle arme appelle un nouveau bouclier et que chaque nouveau bouclier entraîne la création d’une nouvelle arme, chaque soumission engendre une révolte et chaque révolution sécrète de nouvelles dominations