Sur une table basse, sa fine silhouette luit. Elle a la pose gracieuse et le maintien calme. Pendant deux ans, il a traité son bois, puis pendant six mois il a sculpté son corps. Il l'a palpée, caressée, frottée. Il lui a choisi une forme et il a donné un langage à son silence. Elle avait ses exigences aussi, elle lui réclamait sans cesse d'étirer ses lignes et d'arrondir ses courbes. Sa résonance changeait, elle le fuyait, le boudait, le surprenait. Mais ses humeurs se révélaient toujours justes. Elle l'a guidé, jour après jour, vers l'intérieur de son ventre ou elle lui a dévoilé toutes ses fibres, tous ses grains, toutes les perfections et imperfections de sa sonorité. Son parfum se transformait. Tour à tour, elle sentait le bois, les outils, la colle, la laque, la sueur, la pluie... jusqu'au jour ou elle s'est éveillée à la douce fragrance de la vie. C'était le moment ou ils devaient se séparer.