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Citation de Charybde2


Ils n’arrivèrent pas du tout de la manière que je pensais. Je m’attendais à les voir alignés comme à un défilé, de longues ranges d’hommes avançant drapeaux au vent, leurs manches et leurs jambes de pantalon se balançant en cadence, et nous, à nos postes comme à l’entraînement, nous tirerions dans le tas. Mais non. Ils arrivèrent au compte-gouttes, éparpillés un peu partout devant nous et à travers les bois. Il n’y en avait pas deux qui se déplaçaient dans la même direction, ils couraient de buisson en buisson comme des souris ou des lapins. À peine en voyais-je un qu’il disparaissait. La seule chose qui restait présente était la fumée – d’un gris crasseux, elle montait en bouillonnant et roulait sur le sol, percée de petites pointes de jaune et de rose là où les fusils lançaient des éclairs. Un bourdonnement résonnait dans l’air comme celui des abeilles chez nous, dans le verger, en plus bruyant.
Mais le capitaine Munch se mit à chanter ses ordres, et à partir de là il fallut travailler dur, refouler, amorcer, tirer, remettre l’affût en place et charger à nouveau. En continu, les six pièces propulsaient de grosses boules de feu et de fumée par-dessus l’avant de la batterie, chaque fois sous nos acclamations. Je ne le voyais pas très bien mais le capitaine dirigeait nos tirs vers un régiment rassemblé à l’autre bout du champ. Nous avions la distance, environ mille mètres, et nous voyions les drapeaux tomber et les hommes grouiller lorsque les boulets fauchaient leurs rangs.
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