AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de elisecorbani


La logique misogyne du patriarcat est curieusement circulaire : les femmes ne peuvent pas gouverner parce qu'elles n'ont jamais gouverné. Mais ce grossier message repose sur une épaisse couche d'amnésie historique, fruit d'effacements et d'omissions sans nombre, et dont l'objet est d'envoyer collectivement le message que les femmes qui ont gouverné n'ont pas même mérité le droit que l'on se souvienne d'elles.
Même si les reines sombres étaient absentes de mes livres, elles n'ont cessé d'être visibles pendant toute mon enfance: s'il y avait des femmes dont il ne fallait pas suivre l'exemple, m'avertissait-on, c'était elles. La méchante belle-mère de mes contes de fées, la hautaine Jézabel contre qui l'on prêchait à l'église, la grosse dame qui chantait à l'opéra : toutes étaient un objet de haine ou de ridicule. Entre le silence de I'histoire tronquée et le vacarme oppressant des stéréotypes, quel espace leur restait-il ?
Mais les fantômes de Brunehaut et de Frédégonde refusent de rester silen cieux. Ils ne cessent de réapparaître, bien décidés à se faire entendre.
Est-ce parce que les reines ont été privées d'une voix ? D'une parole ? D'une reconnaissance ? Ou même d'un lien avec les vivants ?
Ou que nous avons été privés de récits fondateurs sur le pouvoir féminin ?
Et s'il en va ainsi, que faire pour commencer à réparer cette injustice? Peut-être imaginer et brandir haut et fort les épitaphes que Brunehaut et Frédégonde auraient certainement écrites pour elles-mêmes : NI FEMME DE, NI MÈRE DE, mais le titre qu'elles n'ont cessé de réclamer toute leur vie : PRAECELLENTISSIMAE ET GLORIOSISSIMAE FRANCORUM REGINAE -les très excellentes et très glorieuses reines des Francs.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}