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EAN : 9782200632762
416 pages
Armand Colin (26/04/2023)
3.85/5   13 notes
Résumé :
Au cœur d’un Moyen Âge régulièrement secoué par des guerres de territoire et de succession, deux femmes ont marqué leur temps : Brunehaut et Frédégonde. Épouses de rois mérovingiens, belles-soeurs et rivales, elles régnaient respectivement sur le Nord-Est et sur l’Ouest du royaume franc.
Leur affrontement débuta en 570, à l’accès au trône de Frédégonde, ouvrant une période de guerres civiles, de vengeance et de lutte pour le pouvoir qui dura presque quarante-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Shelley Puhak est poétesse et professeur d'université. le hasard de ses réflexions sur les stéréotypes historiques, notamment liés aux femmes, l'ont poussée à s'intéresser aux personnages de Brunehaut et Frédégonde, ces reines mérovingiennes entourées d'une aura ténébreuse.

Dans ce récit publié en 2023, écrit comme un roman épique, l'autrice américaine emmène son lecteur dans la Francie du 6eme siècle et il y a fort à parier que le français de 2024 y soit en territoire inconnu ! La période étant complexe et mouvementée, pas facile de s'y retrouver mais la plume agréable, le propos très documenté et sourcé, les cartes et les illustrations permettent de trouver ses repères.

La période est celle d'une transition entre monde antique et moyenâgeux, le christianisme se répand en Europe, entre catholicisme romain et arianisme.

La Francie est, au début de cette aventure, divisée en 4 territoires légués aux 4 fils de Clotaire, fils de Clovis. Nous voyons notre pays divisé entre Burgondie, Austrasie, Neustrie et Aquitaine, et autant de souverains qui lorgnent sur le territoire de leurs frères. Ambitieux, Sigebert, régnant sur l'Austrasie (globalement autour de la champagne et l'Auvergne de la France actuelle), épouse une princesse wisigothe, Brunehaut, venue d'Espagne.

Son frère Chilpéric, le neustrien, répudiera sa première femme (en l'envoyant en réclusion dans un couvent), épousera Galswinthe, la soeur de Brunehaut, très probablement l'assassinera avant de se marier à sa concubine de toujours, Frédégonde, ancienne esclave de sa première épouse...
Je n'ai pas été au delà de l'épisode 2 de Games of throne, mais j'imagine que c'est comparable dans son genre et la suite ne vous décevra pas avec des sièges, des assassinats, des trahisons, des refuges dans les églises, des héritiers morts en bas âge...

Ce livre est à placer, dans ma généalogie de lecture, dans l'approfondissement de celle des Grandes oubliées de Titiou Lecoq qui avait attiré mon attention sur le sujet de la place des femmes dans l'histoire, et de la remise en cause des stéréotypes et des effacements qui vont avec. La démarche de Shelley Puhak est délibérément engagée sur cette voie, comme le justifient introduction et conclusion.

Sur un plan plus personnel, j'ai été complément fascinée par les développements autour du personnage de Radegonde de Poitiers, reine devenue moniale, véritable éminence grise de son temps, qui a grâce au christianisme défendu son indépendance et structuré son influence diplomatique et politique. Populaire, puissante, Radegonde a été canonisée et son aura est toujours présente dans la région poitevine où elle avait fondé son monastère de ste Croix. À tel point que je la connais depuis mon enfance, ma grande tante portant son prénom, venu d'un autre temps...

Dans une période d'une grande violence politique, marquée par les luttes fratricides entre factions, Radegonde a trouvé dans l'adhésion au catholicisme un instrument de pouvoir pour se défendre contre son époux qui l'avait kidnappée (et même pour échapper, si j'en crois les récits de l'époque rapportés par Shelley Puhak, aux viols conjugaux. Radegonde, épouse du roi Clotaire, père des époux fratricides de Brunehaut et Frédégonde, apporte aux femmes de sa famille soutien et conseil, parfois refuge dans son couvent.

Pour moi qui espère une relecture de l'histoire de l'Eglise teintée d'une dose raisonnable de féminisme, ou plutôt, de vérité intellectuelle, la figure de Radegonde est une des révélations de cette lecture qui m'a passionnée en général, et me permet de mieux me repérer dans l'histoire de France du haut moyen âge.
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Brunehaut et Frédégonde. Épouses de rois mérovingiens, belles-soeurs et rivales, elles régnaient respectivement sur le Nord-Est et sur l'Ouest du royaume franc.
Leur affrontement débuta en 570, à l'accès au trône de Frédégonde, ouvrant une période de guerres civiles, de vengeance et de lutte pour le pouvoir qui dura presque quarante-quatre ans. Intriguant sur la scène politique, commanditant des assassinats et levant des armées, elles entraînèrent le royaume dans une vendetta qui ne s'arrêta qu'à la mort de Brunehaut.


J'ai eu du mal au départ car on comprend qu'il manque beaucoup d'informations sur ces Reines. le fait est que l'on parle beaucoup des hommes autour d'elles, et moins d'elles-mêmes. Sûrement en cause la destruction de nombreux documents sur elles. Seulement j'aurais voulu en savoir plus sur ces reines que sur leurs maris et proches hommes. le texte n'est absolument pas romancé ce qui à mon goût aurait donné un côté un peu plus pêchu à ce livre. 
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Merci à Babelio, Dunod et Armand Colin de m'avoir envoyé ce titre !

C'est un livre qui me faisait de l'oeil en librairie. La couverture est accrocheuse et quand on adore l'Histoire comme moi, on a qu'une envie, c'est de s'y plonger.

Pourtant ce n'est pas la période de l'Histoire que je préfère mais je me suis dit que c'était pas plus mal de m'intéresser à ces 2 reines méconnues. Je les connaissait de nom mais leur histoire m'était totalement étrangère.

On ne s'imagine pas que ces femmes aient pu être à ce point ambitieuse et parfois sanguinaires et pourtant…

Le récit est fluide malgré les nombreuses annotations. Par contre, j'ai trouvé un peu dommage de devoir toujours nous reporter à cette partie « Notes » pour les lire. Ça rend la lecture un peu fastidieuse et le texte est déjà assez dense.

On attend de ce genre de lecture qu'elle soit instructive et c'est le cas mais j'attendais également qu'elle soit un peu plus ludique. Comme une sorte de florilège des moments les plus fous de leur vie mais on a un ouvrage qui retrace pratiquement toute leur vie, d'avant leur accession (contexte historique, familles mérovingiennes, etc…) au trône jusqu'à leur fin.

C'était intéressant mais un peu long.

C'est tout de même une lecture que j'ai apprécié. Puis j'aime le fait que l'on s'intéresse à ces femmes qui restent encore aujourd'hui dans l'ombre de l'Histoire.
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Je remercie les Editions Armand Colin, Dunod et Babelio pour l'envoie de ce sp.

Il s'agit d'un livre historique sous forme de récit tiré de faits réels, ce qui est surprenant mais permet de mieux appréhender les faits.
L'autrice nous présente deux reines du Moyen-Âge : Brunehaut et Frédégonde. Épouses de rois mérovingiens, belles-soeurs et rivales, elles régnaient respectivement sur le Nord-Est et sur l'Ouest du royaume franc.

Le récit est très dense, on y découvre toute l'histoire de l'époque, les liens unissant les différents rois et les pays européens, les mariages, les trahisons ! L'écriture est assez accessible, ce qui permet de mieux se plonger dans le récit.

Je n'ai pas encore fini le livre, je n'arrive pas à suivre l'histoire malgré que ça soit passionnant.

Un livre à découvrir.
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Très dense, mais passionnant, formidablement documenté et illustré : un must read si on s'intéresse au début du Moyen Âge et à ces deux reines !

Cet essai, c'est 350 pages d'informations sur Brunehaut et Frédégonde. L'histoire de leur famille, de leur règne, de leur rivalité, et de ce qui a forgé leur mémoire. Cet essai, c'est un rendu de la complexité religieuse et politique de cette époque de plein bouleversement où tout était à construire, mais où malgré leur intelligence et leur subtilité politique, les femmes ont été écartées.

L'autrice a parfaitement su documenter ses propos, et les illustre bien à coups de photos et autres cartes. Une vraie pépite pour qui aime cette époque !
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
L'aristocratie commençait à se rendre compte, peut-être avec quelque crainte, que malgré les assurances que Frédégonde awst données il y a quelques années, elle ne céderait sans doute pas volontiers le pouvoir au prince Clotaire quand celui-ci deviendrait majeur. Le pouvoir, au sens propre du mot, est intoxicant : il rend dépendant exactement comme une drogue. Cette poussée de dopamine pourrait avoir été interprétée nar par Frédégonde comme une grâce divine, et lui donner l'impression d'avoir été élue. Et l'idée d'un sevrage soudain pouvait sembler insupportable.
Après plus de dix ans de régence, les nobles neustriens soupçonnaient que Frédégonde désirerait rester une reine mêre active qui détiendrait le vrai pouvoir, derrière le trône, comme Brunehaut avec Childebert. Le moyen habituel de réduire une souveraine au silence était le meurtre ou le couvent. C'est ainsi que des femmes puissantes avaient été éliminées avant elles, et que celles qui oseraient suivre leur exemple le seraient dans l'avenir.
Frédégonde leur épargna cet embarras.
L'événement est rapporté avec peu de bruit : les sources mentionnent seulement l'année 597 et font ce constat concis "Frédégonde mourut".
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A l'époque, I'Eglise se battait pour afirmer son autorité et renflouer ses caisses en s'ingérant jusque dans la chambre à coucher de ses fidèles. Les évêques avaient pris des mesures contre les pratiques homosexuelles et décrété que les moines (mais, curieusement, pas les moniales) ne devaient plus partager le même lit. Eux-mêmes voyaient leur vie sexuelle de plus en plus surveillée. Beaucoup avaient rejoint l'Eglise après avoir terminé leur carrière laique, et avaient souvent, dejà, femme et enfants, ce qui, au debut, ne présenta pas de problème. Cela faisait longtemps que des hommes mariés avaient eté ordonnés prêtres et faits évêques, et le celibat n'était pas exigé d'eux. L'Eglise leur demandait juste de faire preuve de tempérance et de s'abstenir de rapports sexuels certains jours saints. Mais quand ces mêmes évêques faisaient des enfants, c'était à eux qu'ils léguaient leurs biens, et pas à l'Eglise. Voulant empêcher cet usage sans pour autant permettre le divorce, I'Eglise ordonna tout d'abord à ses évêques de vivre avec leurs épouses «comme frère et soeur». Pour faire appliquer cet interdit peu populaire, elle essaya de trouver et d'excommunier les évêques mariés qui couchaient encore avec leurs épouses.
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Les Mérovingiens sont longtemps restés dans l'ombre de la lignée qui les a supplantés : Charlemagne et ses Carolingiens qui avaient tout intérêt à se peindre en triomphateurs d'un monde non civilisé. Nous avons hérité de ce portrait de barbares empotés en partie parce que les Carolingiens ont fait de grands efforts pour déposer puis effacer leurs prédécesseurs, conspirant même avec un pape à cette fin. Les Mérovingiens furent aussi maltraités par les révolutionnaires français, qui voyaient dans le premier Louis (le roi Clovis) I'origine du très-honni Louis XVI.
Aujourd'hui, les Mérovingiens font l'objet d'une attention renouvelée de la part des historiens : ils voient en eux la dynastie qui a assuré la transition du monde romain vers le monde médiéval et établi les frontières politiques de l'Europe, frontières qui existent encore, ainsi qu'un grand nombre de lois et de moeurs sociales encore en vigueur elles aussi. Mais les deux Mérovingiennes qui ont gouverné le plus longtemps, à la fois comme reines et comme régentes, n'ont pas encore reçu leur dû, et il y a une raison évidente à cela.
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La logique misogyne du patriarcat est curieusement circulaire : les femmes ne peuvent pas gouverner parce qu'elles n'ont jamais gouverné. Mais ce grossier message repose sur une épaisse couche d'amnésie historique, fruit d'effacements et d'omissions sans nombre, et dont l'objet est d'envoyer collectivement le message que les femmes qui ont gouverné n'ont pas même mérité le droit que l'on se souvienne d'elles.
Même si les reines sombres étaient absentes de mes livres, elles n'ont cessé d'être visibles pendant toute mon enfance: s'il y avait des femmes dont il ne fallait pas suivre l'exemple, m'avertissait-on, c'était elles. La méchante belle-mère de mes contes de fées, la hautaine Jézabel contre qui l'on prêchait à l'église, la grosse dame qui chantait à l'opéra : toutes étaient un objet de haine ou de ridicule. Entre le silence de I'histoire tronquée et le vacarme oppressant des stéréotypes, quel espace leur restait-il ?
Mais les fantômes de Brunehaut et de Frédégonde refusent de rester silen cieux. Ils ne cessent de réapparaître, bien décidés à se faire entendre.
Est-ce parce que les reines ont été privées d'une voix ? D'une parole ? D'une reconnaissance ? Ou même d'un lien avec les vivants ?
Ou que nous avons été privés de récits fondateurs sur le pouvoir féminin ?
Et s'il en va ainsi, que faire pour commencer à réparer cette injustice? Peut-être imaginer et brandir haut et fort les épitaphes que Brunehaut et Frédégonde auraient certainement écrites pour elles-mêmes : NI FEMME DE, NI MÈRE DE, mais le titre qu'elles n'ont cessé de réclamer toute leur vie : PRAECELLENTISSIMAE ET GLORIOSISSIMAE FRANCORUM REGINAE -les très excellentes et très glorieuses reines des Francs.
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En 595, comme le sixième siècle approchait de son terme, le monde présentait un visage neuf. Dans l'Italie lombarde, une reine, devenue veuve, était restée au pouvoir. L'homme qu'elle choisirait comme second époux régnerait avec elle comme roi. Et de l'autre côté du continent, le Japon était dirigé par sa première impératrice, Suiko, récemment mnontée sur le trône.
En Francie, le moment où Brunehaut devint régente de ses deux petits-fils inaugurait une des périodes les plus exceptionnelles de I'histoire de I'Europe: celle d'un double règne féminin. Frédégonde et elle ont régné en régentes exactement en même temps, et l'empire qu'elles se sont partagé englobait la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l'ouest et le sud de l'Allemagne et une partie de la Suisse d'aujourd 'hui. Un seul homme contrôlerait, brièvement, plus de territoires que ces deux souveraines : I'empereur Charlemagne.
Il est difficile de surestimer l'importance de ce moment et facile de déplorer à quel point les archives historiques sont maigres sur la période; le manque de sources nous empêche de mieux documenter leurs interactions.
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