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Citation de Osmanthe


Là où il y avait un rocher, à coup sûr, il y avait un cadavre. Plus loin, cette fois, il y eut un cadavre au pied d'un arbre. C'était un mort récent qui avait l'air d'être encore vivant. Là, Tappei, une nouvelle fois, de sursauter et de ne pouvoir avancer. C'est que le cadavre qu'il avait devant les yeux avait bougé. Il examina bien, bien la figure : il n'y avait aucun doute, ce n'était pas là quelqu'un de vivant. "Néanmoins, pensa Tappei, c'est sûr qu'il vient de bouger !" et il sentit ses jambes se raidir. Là-dessus, de nouveau, le cadavre bougea. Cela bougea du côté de la poitrine du cadavre. C'est qu'il y avait là un corbeau. Comme le vêtement était de couleur sombre, Tappei ne s'était pas rendu compte de la présence du corbeau. Il tapa violemment du pied sur le sol. Mais le corbeau ne s'enfuit aucunement. Tappei s'avança en passant tout à côté. Alors, le corbeau de prendre son envol. Calmement, d'ouvrir ses ailes et de prendre son envol. C'était un corbeau d'une tranquillité odieuse. Comme Tappei, par hasard, se retournait vers le cadavre, voici que dans la poitrine de celui-ci, il y avait encore un corbeau. "Il y en avait donc deux ?" se demandait-il, quand, de dessous le précédent, bougea la tête d'encore un autre corbeau. "Ce cadavre allonge les jambes (comme un homme au repos), mais les corbeaux lui ont dévoré le ventre et y ont fait leur nid", pensa-t-il. A l'idée qu'il y en avait peut-être encore davantage, il fut saisi d'un sentiment de haine et d'horreur. Cet endroit semblait être le sommet. Toutefois, le chemin montait encore. Au fur et à mesure qu'il monta, les corbeaux furent plus nombreux. Quand Tappei faisait un pas en avant, des corbeaux se mettaient nonchalamment en marche, comme si la terre, autour de lui, eût été mouvante. Ils marchaient avec un crissement sur les feuilles mortes, en faisant un bruit comparable à celui de personnes humaines qui marchent.
- Comme la montagne est pleine de corbeaux !
Il était épouvanté de leur nombre. Les corbeaux n'arrivaient pas à lui apparaître comme des oiseaux. Ils avaient des expressions d'yeux de chats noirs et des mouvements indolents qui causaient malaise. De plus en plus nombreux étaient aussi désormais les cadavres étendus. En progressant encore un peu, il découvrit un endroit qui offrait l'aspect d'une montagne chauve, où il n'y avait que des rochers. Là, les os blanchis étaient comme neige tombée ; il y en avait tant répandus à terre que les alentours en étaient devenus blancs. Tappei, qui marchait en ne regardant que vers le bas, cherchait à marcher en évitant les os, mais ses yeux finissaient par vaciller, et il manquait de trébucher et de tomber. Il pensa : "Parmi tous ces ossements blanchis, il y a sans doute des gens que j'ai connus pendant qu'ils vivaient."
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