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Citation de Cannetille


Alors Gus se procura l’édition anglaise, la seule disponible, de Lyell. C’était bouleversant, novateur, prodigieux. Le sous-titre des Principes de géologie disait tout : Une tentative d’expliquer les changements de la surface de la Terre par des causes opérant actuellement. Pour ce qui était des espèces, Lyell voyait différentes explications à leur disparition : la modification de leur milieu naturel (par là il ringardisait Lamarck, qui croyait en l’adaptation heureuse, l’amélioration en fait) ; la compétition avec une autre espèce ; et l’homme, qui se débarrassait, comme toujours, des animaux nuisibles, mais dont, en plus, l’accroissement de la population induisait la réduction, voire la destruction de certains animaux. Ainsi parlait-il de l’émeu, qu’il croyait en danger. Ce processus, en réalité, ne le dérangeait pas beaucoup, pour lui tout cela était naturel, répondait à une loi naturelle. C’était aussi indépassable que la mort, contre laquelle on ne peut rien. En un sens c’était la vie, aurait pu dire Gus, et cette idée donnait à l’ensemble une couleur pessimiste, résignée et brutale.
Quand il répondit à Kroyer, il lui fit part de son problème personnel : « Aucun des mécanismes de la disparition chez Lyell ne s’applique au cas précis des grands pingouins. Ni le climat, puisque son milieu n’a pas évolué et qu’il y a moins de vingt ans, dans la même configuration géographique, ils étaient nombreux. Ni la compétition entre animaux, puisque j’ose dire qu’il n’a pas d’ennemis, qu’aucun phoque, aucun macareux n’a besoin de son territoire ou de batailler avec lui. Reste l’homme : mais en quoi les grands pingouins, qui vivent loin de nous, nous nuiraient-ils ? Je ne vois pas. Alors, se pourrait-il que nous, êtres humains, ayons commis une erreur ? »
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