Dis-moi des mots
Plus légers
Que la caresse de brise(...)
Dis-moi des mots
Que je voie
Ton miroir réfléchir le son de mes soupirs
Que la poésie soit
En ma chair, en mon sang
Passion et joie
Dis-moi ces mots que mes lèvres
Sont venues inscrire
Dans le secret de tes songes
Ces mots gardés
Sur l'envers de tes paupières
L'étoffe épaisse
Du silence
Nous unit
Et nous sépare
La poussière blanche
Des étoiles
Recouvre nos corps
Respirant même brise
Du bois vaporeux
Du vide
Le baiser s'envole
Pour se perdre à l'horizon
Laissant
A nos lèvres
Un goût de lys.
Ne plus te voir
Ne plus te voir
C'est chercher dans les particules d'air ta respiration
Dans chaque grain de sable ta peau
Dans chaque larme ton goût
Derrière chaque arbre ton ombre(...)
Ne plus te voir
C'est m'étendre sur le sol et murmurer tes mots
Prendre toute poignée de terre et souffler dessus mes poumons
Épier les bourgeons qui porteront ton visage
Ne plus te voir
C'est habiller le vent d'espérance et le laisser partir
Féconder l'eau des ruisseaux de tous les chagrins et ne laisser nul s'y abreuver
Ne plus te voir
Ne plus te voir
Qui comprendrait?
"La mort est toujours un meurtre, qu'elle soit naturelle ou pas ! Elle assassine la vie, même dans les tours bien gardées, les couches à baldaquins ou sous les tentes du désert, les gratte-ciels ou les bidonvilles. La mort ne connaît pas de racisme, ni ne pratique la discrimination positive, elle prend tout le monde, sans photos ni curriculum vitae ou diplôme."
“L’art advient chaque fois que nous lisons un poème” Jorge Luis Borges.
Dis-moi des mots
Plus légers
Que la caresse de brise
Dis-moi des mots
Plus profonds
Que le regard du cœur
Dis-moi des mots
Plus frais
Que rosée sur le sol
Dis-moi ces mots
Qui ont perdu leur sens
Dans mon âme
Dis-moi des mots
Qui prendraient les miens
Dans leur chute solitaire
Et qu’ils ne viennent se fracasser
Contre un abîme inconnu
Dis-moi ces mots là
Sans nulle promesse
Dis-moi des mots
Que je voie
Ton miroir réfléchir
Le son de mes soupirs
Que la poésie soit
En ma chair, en mon sang
Passion et joie
Dis-moi ces mots
Que mes lèvres
Sont venues inscrire
Dans le secret de tes songes
Ces mots gardés
Sur l’envers de tes paupières
Les embruns nous retombaient sur le visage. Nous nous étions tenus sur le haut rocher, juste à la lisière d’une mer déchaînée. Des filles, des garçons, frappés par la mort, étaient venus à cet endroit offrir leur corps à la bouche béante des vagues, au roc impitoyable, moins impitoyable pourtant que ces moralisateurs qui leur interdisaient de s’aimer, alors ils se suicidaient et jetaient leurs corps unis à l’iode et au remous de la mer.
Penchés sur l’océan, nous nous serrions les mains et regardions cette colère sans rien dire. Notre respiration semblait ne faire qu’une seule, émanant du même poumon. J’avais cru entendre un chuchotement dans ma tête, ta voix qui me parlait :
– La cellule était si étroite, si étroite, asphyxiante, les murs se resserraient, le plafond s’affaissait de jour en jour, mon corps se recroquevillait en même temps. Je voulais abattre toutes les cloisons, tous les murs, faire voler en éclats tous les toits, n’avoir pour seul ciel que les étoiles et respirer, respirer profondément, jeter ma nudité au vent. N’entendre plus le bourreau, ni le son du fouet. Je voulais écarter les flancs de l’espace, écouter le chant de la montagne, et dormir sous le regard de la lune. Ma chérie, ouvre tes bras à mon corps, mais ne les referme pas, enveloppe-moi sans m’encercler, regarde ma liberté et porte-toi avec la brise matinale, traverse mes cheveux mon aimée, traverse, mais ne t’arrête pas longtemps, pars et reviens, ne reste jamais, je voudrais espérer ton retour, te suivre comme l’eau sur d’autres terres, toujours nouvelle, je voudrais que tu sois le sang qui m’irrigue, le cœur battant lorsque mon cœur se fatigue. Sois mon enfant, ma Béatrice adorée, sois toi, moi et une autre ; exhale les senteurs de la nature, les fragrances rares, l’herbe fraîche et la terre rouge. Renouvelle-toi et renouvelle-moi, ma petite Nadja.
Je te regardais, grisée par tes mots, ressentant le ver- tige des bords de falaise, des précipices, du philtre de la passion sans mélange. Une vague rugissante était venue nous tremper tous les deux, l’iode montait dans notre respiration, j’avais le sel dans la gorge. Tu m’avais prise dans tes bras, le goût de nos lèvres était identique. Puis, nous avions tourné le dos à la mer, et pris le chemin de la maison.
Sa main parcourait ses courbes, s’arrêtait abondamment dans les creux et les rondeurs. S’emparait de toutes les parcelles. Comment conquérir ce corps frais, onctueux, juteux, qui se défilait, craignant son propre débordement ? Comment l’ouvrir, assouvir son appel sans le rudoyer, le vaincre en lui laissant l’illusion qu’il reste souverain, maître de son désir.
La main patiente et généreuse renouvelait ses assauts, dégrafait les replis, avançait au gré des triomphes. Les complaintes du corps se faisaient plus lourdes, sa moiteur plus tiède, centimètre par centimètre, il cédait, se laissait baptiser, il se rendait, battait en retraite, absorbait cette main comme une soif ancienne envahie par les flots.
La main sculptait, le corps s’articulait, chevauchait derrière cette main dextre, il chevauchait et adhérait à cette main de mansuétude qui l’avait tracé.
Tracer des courbes pour trancher ce temps qui est le mien Ce temps qui prépare ma chute et la guette Noue mon souffle Ce temps qui t’est étranger Je le vois sans toi comme un champ de tournesols prêt à être cueilli Je le vois qui s’arrête Qui jette son immobilité sur mes membres et dresse un épouvantail face à mon regard Je le vois sans rires Sans sanglots Le poumon perclus Le cerveau vidé de son sel Où est le monde ? Pourquoi ne parle t-il plus ? Quel sommeil s’est emparé de lui en ton absence ? Et mes doigts ne savent écrire le bonheur que sur ton corps et ce temps ne plie qu’à ta présence Et Ce temps Et Ce temps Qu’a t-il à faire mon corps transparence ?