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Citation de MegGomar


Quand nous descendîmes au rez-de-chaussée, sa sœur avait disparu, son
frère aussi, il n’y avait plus que leur mère, Mme Ginevra dell’Osservanza,
sur le canapé, feuilletant une revue. La lumière lasse du crépuscule arrivait
droit de la fenêtre et frappait son visage, découvrant ses rides sous le fond
de teint, sa fragilité, ses cinquante-deux ans.
Cette vision m’attendrit ; elle dut avoir le même effet sur Beatrice car elle
s’approcha et s’assit près d’elle, en se serrant comme pour se faire
pardonner. Sa mère caressa sa chevelure dévastée : « On va tout arranger. »
D’une voix douce, comme si elle était devenue quelqu’un d’autre.
Je ne m’étonnai pas, j’avais l’habitude. Je savais qu’il y avait en une
mère deux extrêmes et qu’elle passait sans sommation de l’une à l’autre. Tu
avais beau la détester, revenait toujours le besoin physique d’être prise dans
ses bras, acceptée. Toi, dérisoire, elle gigantesque, une différence
impossible à combler qui – comme pour Beatrice et comme pour moi –
compromet parfois toute ton existence.
Elles restèrent un long temps collées ainsi, leurs deux corps encastrés,
comme si je n’étais pas là. Les regarder me faisait mal mais je les regardais
quand même, avec la sensation d’un manque si douloureux que je me sentis
devenir tout à coup orpheline. Je le savais, parce que la mienne était partie.
Sans m’emmener, je veux dire. J’imaginais sa vie à Biella. Son
soulagement, sa liberté retrouvée. Ce que je ne comprenais pas, c’était
pourquoi elle m’avait mise au monde.
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