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EAN : 9791034904907
528 pages
Liana Lévi (13/01/2022)
3.88/5   205 notes
Résumé :
En l'an 2000 Élisa est une timide adolescente de quatorze ans, mal dans sa peau. Béatrice, sa camarade de classe, flamboyante et extravertie, est résolue à s'emparer de la vie. Une amitié improbable se noue entre elles, malgré leurs différences et celles de leurs familles.

La mère d’Élisa, jeune femme fantasque, mais aimante à sa façon désordonnée, tantôt délaisse ses enfants, tantôt les comble d'envoûtantes marques d'affection qui rendent le lien in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Pourquoi avoir choisi cette lecture ?C'est trés simple , Silvia Avalone écrit trés bien , j'aime beaucoup la littérature italienne et .....nous avons des petites filles adolescentes dont les " comportements " , sans être désagréables , loin de moi cette idée , sont parfois ... étranges et quelque peu déconcertants pour le septuagénaire que je suis .Bigre , elles sont "normales" ou pas ??? Pour tout vous dire , je ne me souviens guère de ma propre adolescence , ni même de celle de notre fille ...Le temps , hélas , fait son oeuvre .Donc , la quatrième de couverture annonce la couleur , "les amitiés de l'adolescence sont les plus fortes ".
Comme cette période de vie concerne Elisa et Béatrice , deux filles donc , je vais sans doute trouver matière à apporter des réponses à mes nombreuses questions .Malgré le nombre de pages , 570 , me voilà parti . Autant le dire tout de suite , le contenu ne m'a pas vraiment emballé et j'ai été plusieurs fois tenté de " jeter l'éponge " .
Tout d'abord , " la parole " monopolisée par Elisa donne à l'ensemble un çôté " ronronnant " un peu " endormissant" .Ajoutez à cela que , se complaisant dans une attitude de " victime "consentante , l'aspect geignard en permanence d'Elisa devient vite perturbant .Enfin , l'horizon trés " feutré " et le manque d'action ....Deux familles , deux couples complexes qu'il faut tout de même " suivre " , deux filles , des ados , l'une studieuse et tournée vers les livres et la littérature , l'autre vers le besoin de paraître et d'occuper l'espace et des échanges en cascade jusqu'à la fin , tout cela pour conclure qu'UNE amitié ne reflète pas forcément L'amitié .
Et , hélas , l'apparition des " technologies modernes " va jouer dans les comportements , un rôle que chacun et chacune d'entre nous pourra apprécier ainsi qu'il convient ...
Certes , les chemins des personnages , notamment ceux d'Elisa et Béatrice , vont nous donner quelques aperçus de ce qu'est UNE adolescence mais pas , à mon point de vue une description de L'adolescence ( Il est vrai que ce n'était pas non plus l'objectif , plutôt mon espoir ) . Ici , il y a plutôt mainmise et domination d'une personne sur une autre , faiblesse maladive de la seconde , une relation tout de même un peu toxique .
Vous l'avez compris , je ne suis pas " fan " mais , je ne sais pas vraiment pourquoi , j'ai tenu à lire intégralement ce récit alors que , normalement , je me montre moins patient .L'écriture , sans doute , la beauté de certains passages , l'émotion , quelques situation assez sympas et drôles , bref , je ne veux pas jeter " le bébé avec l'eau du bain " , cet avis mesuré n'engage que moi .Je n'étais pas " le bon client " ou le bon lecteur , le choc des générations sans doute et je vais tout de même garder mes " attachiantes " petites filles telles qu'elles sont , et je suis certain que d'autres parents et grands -parents me comprendront .
Cela m'apprendra à vouloir me ressourcer dans des thèmes qui ne sont " plus vraiment de mon âge ". Que les parents gèrent au mieux leurs ados , les pauvres , il y a du boulot , et que les grands - parents ne " fourrent plus leur nez " dans leurs affaires ...Mais ça , c'est une autre histoire , non ?
Allez , à bientôt , je vais prendre un polar maintenant ....

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Encore un livre qui m'aura fait passer une nuit écourtée. Mais quel plaisir de lecture et quelle joie de retrouver la plume sensible et précise de Silvia Avallone dans ce qu'elle maitrise le mieux : raconter l'amitié et l'adolescence. Comme dans D'acier (un autre de mes ❤️de l'autrice), les 2 héroïnes ont 14 ans. Elisa est la discrète, Beatrice la battante. Un jean volé va sceller leur amitié, une amitié folle qui va connaître joies, disputes et trahison. C'est ce que Elisa nous raconte sur près de 500 pages, à partir de ses journaux, 15 ans après. le texte sonne toujours juste, qu'il relate les émois de l'adolescence ou les bouleversements d'une époque (les années 2000, avec les débuts d'internet et l'arrivée des blogs, une époque où l'apparence devient la norme). de même, premiers ou seconds rôles, les personnages (agaçants, attachants, émouvants) sont parfaitement campés.
Un délicieux roman, réaliste, addictif, passionnant.
Lisez-le. Merci à la Masse critique et à l'éditeur pour l'envoi.
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Silvia Avallone m'avait conquise avec le brûlant 'D'acier', et plus encore avec ses questionnements sur la maternité dans 'La vie parfaite'.
.
Je suis donc navrée d'avoir été si agacée par les jérémiades d'Elisa, ici.
Amie de la sublime et charismatique Beatrice depuis l'âge de quatorze ans, Elisa reste persuadée d'avoir tutoyé une étoile, et ne se remet pas de la brûlure, vingt années après leur rencontre.
.
Je n'ai pas compris le propos. Elisa tourne en rond autour des trahisons de l'amie, aussi mal dans sa peau et malmenée qu'elle le fut elle-même par sa mère. Bea est une belle garce manipulatrice dont les vacheries ne surprennent pas, vu son manque de confiance en elle.
Elisa, l'intello 'terne' (c'est ainsi qu'elle se voit) répète à l'envi que les apparences, c'est du toc : "Je maudis ces injonctions de la mode".
Alors quoi ? Pourquoi s'obstine-t-elle à jalouser cette femme célèbre & riche, dont la plastique parfaite et l'élégance ne sont manifestement qu'une coquille vide ? Qui peut envier une femme comme ça ? Une telle vie : 'Sois belle, selfise-toi (la bouche en Q de poule), donne envie de consommer du luxe, et surtout : tais-toi'. Besoin d'exemples de stars déchues, seules à crever, pour se calmer ?
.
Cette amertume, je ne la comprends pas. A l'adolescence, d'accord ; à trente-trois ans, non. Qu'a-t-on à faire du glamour, des palaces, yachts et paillettes, quand on s'éclate à lire Merleau-Ponty, comme Elisa ?
La folie ambiante (des mères, en famille & entre amies) et la déglingue m'ont pesé, paru outrées, et je commence à me dire que l'exubérance italienne me dérange (cf. Elena Ferrante, les cris, les crises, les mères borderline...).
.
Cinq cent vingt pages interminables, lourdes et répétitives avec effets de manche (et attendez, j'ai encore ça à dire, mais je ne sais pas si je vais y parvenir...). Tout cela pour conclure qu'il vaut mieux une vie modeste et remplie de bouquins, que du clinquant sous le feu des projos.
Merci, je n'en avais jamais douté.
.
• Mauvais choix dans cette MC de la rentrée littéraire de janvier.
Je remercie néanmoins Babelio et les éditions Liana Levi.
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Elisa est discrète, peu expansive, peu sûre d'elle, aime les livres.....
Beatrice est voyante, exubérante , sans complexes, aime internet.....
Leur milieu familial et social est différent.
Elles ont quatorze ans, et, malgré leurs différences deviennent amies.
Elles quitteront T. la ville de leur adolescence pour commencer l'université à Bologne avec Lorenzo, l'amour d'Elisa.
Et puis c'est la rupture, avec Beatrice, avec Lorenzo.
Elisa, a trente-quatre ans, ne s'en est jamais remise et commence à écrire ce livre pour tenter de se retrouver.
On pourrait penser à « L'amie prodigieuse », livre qui m'avait « prodigieusement » agacée.
Deux filles amies en Italie.
Mais là, loin d'être agacée, j'ai beaucoup aimé.
Les personnages sont tellement bien cernés.
Un livre qui pose bien des questions.
Sur les amitiés adolescentes qui durent ou pas.
Sur l'être et l'apparence.
Sur la durée des livres et la fugacité des réseaux sociaux.
Sur la difficulté de devenir adulte.
Sur la relation aux parents qui évolue.
Sur les espoirs de l'adolescence et la réalité de l'âge adulte.
Cette plongée en Italie fut un régal et je quitte à regret Elisa et Beatrice aimantées l'une à l'autre malgré les années..
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Comment fait Silvia Avallone pour nous embarquer à ce point dans ses romans sur un sujet si souvent abordé «L'amitié adolescente» !
C'est peu dire que ce thème est traité très régulièrement par les romanciers, d'une manière pas toujours très réussie. Mais avec elle à peine commencé, vous ne lâchez plus l'histoire et ses personnages.

Dans « Une amitié » Elisa et Béatrice sont les deux héroïnes du roman. La première a été élevée par une mère aimante mais fantasque, totalement indifférente aux apparences alors que la seconde par une mère obnubilée par le paraitre et qui a transformé sa fille en une véritable «poupée Barbie». Tout opposait ces deux adolescentes de 14 ans à devenir les meilleures amies du monde. Pourtant, le vol d'un Jean de luxe va sceller leur amitié et leur permettre de nouer un lien fusionnel.

Mais un évènement planétaire va faire irruption dans leur vie : internet et ses réseaux sociaux.
Bea, centrée sur elle-même, va prendre le train en route et devenir « l'influenceuse » que le monde entier scrute, adore, envie et jalouse tout à la fois, alors qu'Elisa, enfouie dans ses livres, va continuer à s'accrocher « au monde ancien » en devenant aspirante professeur à l'université de Bologne rêvant de devenir une grande romancière.

Evidemment, ces deux mondes sont totalement incompatibles ! Une telle amitié déjà fragilisée par ces deux personnalités si différentes va t –elle résister à leur destin si opposé l'un de l'autre ? Béa la belle, sûre d'elle, arrogante, admirée de tous peut-elle continuer à être l'amie intime d'Elisa toujours aussi terne, renfermée et timide ?

En 500 pages, cette amitié nous est racontée par Elisa qui en est devenue la narratrice 15 ans plus tard grâce à son journal intime qu'elle décide de transformer en roman.

Le livre de Silvia Avallone est un roman profond et passionnant sur l'amitié, l'ambivalence des sentiments lorsque l'on a 14 ans. Sentiments amicaux qui bien souvent emportent tout sur leur passage à l'adolescence. Avec beaucoup de talent, l'autrice nous décrit ces deux personnalités tout aussi complexes l'une que l'autre… Aussi attachantes qu'agaçantes. Elle décrit également avec justesse et réalisme l'arrivée d'internet dans la vie des populations mondiales et surtout celle des réseaux sociaux avec les dérives que ceux-ci ont engendrées.

J'ai découvert cette romancière avec son premier roman « D'acier » déjà chroniqué et qui avait été pour moi une révélation, une vraie pépite littéraire qui reste l'un des plus beaux livres lus sur ce thème. Alors même si «Une amitié » est un tout petit peu en dessous niveau émotionnel, je me suis régalée tout le long de ma lecture et suis toujours aussi conquise par ce talent italien ! Il est indéniable que je vais continuer à la suivre avec grand plaisir.

Béa et Elisa voici deux héroïnes que vous devez découvrir absolument amis babéliotes !

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critiques presse (4)
Bibliobs
05 mai 2022
L'auteure de « D'acier » mène, à travers l'histoire d'une amitié adolescente, une réflexion sur l'avenir de la littérature confrontée à l'hégémonie des réseaux sociaux.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
18 avril 2022
L’écrivaine italienne explore avec vivacité le parcours de deux adolescentes des années 2000, l’une attirée par les livres, l’autre par les réseaux sociaux.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeDevoir
13 mars 2022
Silvia Avallone se nourrit des rêves de beauté et d’évasion de deux jeunes femmes à cet âge crucial où se forme une personnalité. Une histoire d’illusions et de trahisons.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaCroix
17 février 2022
Après son premier roman très remarqué D’acier, Silvia Avallone poursuit l’exploration de son thème favori, l’amitié passionnelle entre deux adolescentes que tout sépare.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (115) Voir plus Ajouter une citation
Connaître impliquerait donc la coexistence des corps dans l’espace et dans le temps ?
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Nous n’avions pas fait l’arbre. Inutile de le cacher : à quatre heures de
l’après-midi, nous étions déjà saouls. Peut-être, compris-je en m’arrêtant
pour observer papa, maman et Niccolò qui s’amusaient presque, ne
pouvions-nous être bien que de cette façon : en déraillant, en étant autre
chose qu’une « famille ». Au dîner, le riz était trop cuit, la friture était
molle, mais personne n’eut l’idée de s’en plaindre. Nous débouchâmes le
spumante, mangeâmes tout le panettone, nous retrouvant pour la première
fois à parler jusque très tard. Du jour où maman nous avait perdus dans le
magasin A&O et nous avait fait appeler par le haut-parleur, alors que nous
étions déjà sortis, avec des paquets de biscuits Pan di Stelle sous nos
blousons. De quand Niccolò, en cours moyen à l’école primaire, était tombé
par terre à force de prendre des coups de pied au cul et s’était cassé le bras,
et de la comédie pour lui faire porter un plâtre. Du jour où maman était
venue me reprendre à la Palazzina Piacenza : « Je l’avais laissée deux
minutes, tu vois, pour chercher une place », et moi je lui avais écrit sur une
feuille « Maman je t’aime » sans faire de faute, à quatre ans et demi. Papa
écoutait, les yeux brillants, cette vie qu’il avait ratée. Mais il était là
maintenant, avec nous, et je me rendis compte que je pouvais peut-être lui
pardonner.
Le lendemain, c’était Noël, et nous nous levâmes à midi. Faire le repas
traditionnel à cette heure-là n’avait aucun sens, d’autant que dehors il y
avait du soleil, le ciel était bleu sans un seul nuage. Une collation rapide
expédiée, nous étions dans la Passat avant même d’avoir décidé où aller. Au
premier feu rouge, je dis tout à coup : « Et si on allait à la Plage de fer ? »
Papa répondit que c’était une excellente idée.
Nous y fûmes à deux heures. Tout le monde était à table, et nous dans ce
renfoncement perdu, à l’abri du vent. Nous étendîmes un grand drap de
plage sur le sable en nous enfouissant comme des os de seiche, couchés
dans la lumière sans rien dire, dans un état de torpeur et de félicité que je
crois, finalement, nous méritions.
Niccolò et moi nous débarrassâmes bien vite de nos chaussures,
chaussettes et jeans pour faire la course en slip et culotte vers la mer, où
nous entrâmes jusqu’aux genoux avant de ressauter rapidement sur la plage
car l’eau était glacée. Le sable, lui, était tiède et nous nous en jetâmes dans
les cheveux, la bouche, sur le dos, pendant que maman et papa se parlaient
de choses à eux en nous souriant et en nous regardant jouer de loin, comme
font les parents normaux avec leurs enfants, même si nous n’étions plus des
enfants.
Je crois que ce fut le plus beau Noël de ma vie. Il me consola de tous les
précédents, peut-être.
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Au début, elle se servit des photos prises par sa mère mais ensuite, dans
la plupart des cas, les photos furent prises par moi. Avec l’argent de poche
que maître Rossetti lui versait généreusement, elle recommença à aller chez
le coiffeur tous les trois jours et à s’acheter de nouveaux vêtements pour
poser devant l’objectif du Contax que mon père nous avait prêté, en
m’ordonnant : « Tu comptes jusqu’à trois et tu m’immortalises. » Mais ce
n’était pas assez : elle s’adressa aussi à des photographes de T pour des
shootings sur la plage ou en studio, en bikini ou en robe du soir. Et ils
étaient stupéfaits qu’elle leur demande, au lieu de les développer, de les
mettre sur un CD.
Il nous fallait des heures pour les charger l’une après l’autre sur Bea&Eli,
un Bea&Eli que personne ne visitait, où les posts restaient sans
commentaires, et quand quelqu’un tombait dessus par hasard, la question la
plus fréquente était : « Pourquoi on voit seulement Bea ? Elle est où Eli ? »
ou bien : « Eli, tu aimes lire quoi ? Comment tu fais pour rester amie avec
cette idiote ? » Aussi étonnant que ça paraisse, les blogs, quand ils
commencèrent à se répandre, étaient un territoire de conquête non pour des
filles comme Beatrice, mais pour des filles comme moi. En 2003, ceux qui
naviguaient se fichaient bien de la beauté et des vêtements : c’étaient des
aspirants-écrivains, ou des passionnés de quelque chose, comme mon père,
désirant communiquer avec d’autres passionnés, des gens en quête
d’explorations et d’amitiés. Le mot d’ordre était la découverte, pas
l’exhibition.
Que Bea&Eli soit destiné à échouer était prévisible. Mais Bea ne perdit
jamais son enthousiasme.
On la vit même renaître. Le traitement était trouvé, et il fut efficace. Peu
lui importait le petit nombre de visiteurs ou les accusations de narcissisme
qu’elle recevait, de temps en temps, en lieu et place du silence. Elle était
comme emportée, ensorcelée par ce dialogue secret avec l’écran, qui
m’apparaissait alors aussi obscur que ridicule, et qu’aujourd’hui encore j’ai
du mal à comprendre. Cherchait-elle sa mère ? Ou se cherchait-elle ? La
Beatrice que je m’étais employée de toutes mes forces à étouffer, en ne lui
donnant pas l’agenda, en la noyant sous les romans russes et les films
d’auteur, avait-elle trouvé un moyen de revenir à la surface ?
Seuls mon père et moi pouvions être assez naïfs pour croire que c’était là
un passe-temps innocent. En fait, c’était une arme létale.
Il allait suffire à Bea que les blogs soient supplantés par des médias bien
éloignés de la presse d’autrefois pour s’emparer du monde. Attendre que la
technologie la rejoigne.
« Comment on devient Beatrice Rossetti ? »
En s’entraînant avec quinze ans d’avance.
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Quand nous descendîmes au rez-de-chaussée, sa sœur avait disparu, son
frère aussi, il n’y avait plus que leur mère, Mme Ginevra dell’Osservanza,
sur le canapé, feuilletant une revue. La lumière lasse du crépuscule arrivait
droit de la fenêtre et frappait son visage, découvrant ses rides sous le fond
de teint, sa fragilité, ses cinquante-deux ans.
Cette vision m’attendrit ; elle dut avoir le même effet sur Beatrice car elle
s’approcha et s’assit près d’elle, en se serrant comme pour se faire
pardonner. Sa mère caressa sa chevelure dévastée : « On va tout arranger. »
D’une voix douce, comme si elle était devenue quelqu’un d’autre.
Je ne m’étonnai pas, j’avais l’habitude. Je savais qu’il y avait en une
mère deux extrêmes et qu’elle passait sans sommation de l’une à l’autre. Tu
avais beau la détester, revenait toujours le besoin physique d’être prise dans
ses bras, acceptée. Toi, dérisoire, elle gigantesque, une différence
impossible à combler qui – comme pour Beatrice et comme pour moi –
compromet parfois toute ton existence.
Elles restèrent un long temps collées ainsi, leurs deux corps encastrés,
comme si je n’étais pas là. Les regarder me faisait mal mais je les regardais
quand même, avec la sensation d’un manque si douloureux que je me sentis
devenir tout à coup orpheline. Je le savais, parce que la mienne était partie.
Sans m’emmener, je veux dire. J’imaginais sa vie à Biella. Son
soulagement, sa liberté retrouvée. Ce que je ne comprenais pas, c’était
pourquoi elle m’avait mise au monde.
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Sa mère [lui parla] d'une voix douce, comme si elle était devenue quelqu'un d'autre.
Je ne m'étonnai pas, j'avais l'habitude. Je savais qu'il y avait en une mère deux extrêmes et qu'elle passait sans sommation de l'une à l'autre. Tu avais beau la détester, revenait toujours le besoin physique d'être prise dans ses bras, acceptée. Toi, dérisoire, elle gigantesque, une différence impossible à combler qui (...) compromet parfois toute ton existence.
(p. 71)
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À lire – Silvia Avallone, le lynx, trad. de l'italien par Françoise Brun, Liana Lévi, 2012. L'oeuvre de Daniel Pennac est publiée chez Gallimard.
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