Malgré cela, la construction de la sexualité féminine comme service, et sa négation comme plaisir, a longtemps entretenu l'idée que la sexualité féminine était un péché qui ne pouvait s'expier que par le mariage et la procréation, et cela a produit une situation où chaque femme était considérée comme une prostituée potentielle qui devait être contrôlée constamment. En conséquence de quoi, des générations de femmes, avant l'essor du mouvement féministe, ont vécu leur sexualité comme une chose honteuse et ont dû prouver qu'elles n'étaient pas des prostituées. Dans le même temps, la prostitution, tout en faisant l'objet d'une condamnation sociale et d'un contrôle de l'État, a été reconnue comme une composante nécessaire de la reproduction de la force de travail, précisément parce qu'on supposait que l'épouse ne pouvait pas satisfaire les besoins sexuels de son mari.
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