Enfin, on a souvent dit, en faisant tantôt un critère, tantôt un grief, que les auteurs racontaient toujours la même histoire, mais différemment. Cela pourrait bien être le cas de Hong Sang-soo, tant il semble s'obstiner à travailler et à décliner l'indécision viscérale de ses personnages à travers des variations.
Osons le mot, parmi les auteurs apparus au cinéma entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe, Hong Sang-soo semble bien être l'un de ceux sur qui le pari cinéphilique consistant à repérer, puis miser sur la singularité d'un style, d'un regard et d'un univers, s'est avéré le plus fructueux. En une vingtaine d'années d'intense activité, le cinéaste sud-coréen s'est en effet imposé comme une figure incontournable du cinéma, non seulement asiatique, mais plus largement international, assurant à son oeuvre une cohérence d'ensemble et un constant renouvellement dramaturgique et esthétique, que viennent souligner de multiples rétrospectives et récompenses dans les cinémathèques et festivals du monde entier, ainsi qu'une réception critique toujours plus conséquente.
Ici, l'amour naît toujours dans la clandestinité et se vit dans l'angle mort d'une relation officielle, qu'elle soit conjugale ou simplement antécédente. C'est pourquoi chacun des films se fonde sur une tension extrême entre l'intérieur et l'extérieur, entre soi et les autres, entre le dit et le tu, et fonctionnent tous sur le principe d'une révélation ambiguë.