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Citations de Simon Lafrance (30)


Le paternel et moi sommes plutôt restés assis l’un à côté de l’autre pendant près de deux heures, les yeux rivés sur un vieux film du jeune Jean-Claude Van Damme. Nous avons applaudi, parfois sursauté, puis, au déroulement du générique, mon père m’a salué avant de partir rédiger son rapport à ma mère. J’avais confiance qu’il parlerait en ma faveur, et c’est ce que j’ai toujours apprécié chez lui : il prendrait la balle pour l’équipe, exigeant seulement que je lui rende la pareille en temps donné.
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Mes sens ne trouvaient pas plus de réponse que moi. Un petit picotement me chatouillait de l’intérieur, sans plus, jusqu’à ce qu’un léger bourdonnement naisse enfin dans mes oreilles. Mes oreilles… En possédais-je toujours ? Il me semblait que oui. Et plus je me concentrais à écouter ce grésillement, plus il se muait en un genre de mélodie, grave et ondulante. Les notes se sont modelées, distinctes, puis des syllabes sont apparues. Qui parlait, au loin ? Ne naviguais-je pas seul, sur ces eaux troubles ?
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Très peu de choses, de nos jours, parviennent encore à rallier les hommes. Amour et souffrance trônent toujours au sommet de la liste, évidemment, mais que faire quand plus personne n’appose la même définition à ces concepts pourtant vieux comme le monde ? Confronté au doute, le commun des mortels choisit donc de glorifier ce qui le différencie, le distingue de ses pairs, créant ainsi davantage de raisons de les détester. Alors on s’éloigne les uns des autres, puis on regarde mourir l’inconnu, satisfait.
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À force de trépigner et de gesticuler, elle avait fait fuir quelques spectateurs qui craignaient qu’elle ne les assomme par inadvertance. Son angle de vue s’était ainsi élargi, offrant à qui voulait bien regarder une vérité jusque-là gardée secrète : malgré tout le poids du contingent policier, le périmètre prétendument protégé autour du quartier n’était pas étanche.
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Tout le monde court partout et je n’ai pas l’impression que je pourrai apostropher qui que ce soit pour lui poser la question. Ce que je peux vous confirmer cependant, c’est qu’on compte pas moins de deux ambulances qui sont entrées dans la ruelle derrière moi. Est-ce qu’il y aurait deux victimes ? Y a-t-il eu un autre combat ? Les mises à jour viendront au courant de la nuit.
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Quoi de mieux pour me sortir de ma torpeur que le rugissement strident d’une sirène de police ? Provenant de toutes parts, un écho porteur de mauvaises nouvelles résonnait à mes oreilles : on avait entendu les cris et lancé la cavalerie.
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Le seul bémol à ce genre d’épiphanie, c’est qu’en l’espace de quelques secondes, elle vous laisse totalement vulnérable à la réalité qui vous attend en bas. Et je l’ai appris à la dure ce soir-là, puisqu’au lieu de flotter jusqu’à ma victime, une de mes fines pattes d’araignée s’est posée sur un caillou… et j’ai glissé.
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Elle était là, à tousser et à grogner devant moi tandis que, du bout du nez, je parvenais à sentir le parfum lourd et humide de son haleine portée par la brise, trace des horribles aliments frits qu’elle devait engloutir au quotidien. J’ai tendu le bras, savourant pleinement le déploiement de chaque articulation, et j’ai serré le manche de ma dague brandie comme s’il s’était agi de la gorge même de ma victime que je tenais en mire.
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Je pouvais facilement m’imaginer mon propre père, quelque vingt années plus tôt, imiter cet homme pour m’accommoder. L’idée de le tuer m’a donc quitté l’esprit en vitesse ; ce genre de traumatisme infantile crée de dangereux psychopathes. Allais-je risquer qu’un futur Dexter Morgan revienne venger le meurtre de son père dans quelques décennies ?
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« Le Rouge-Gorge pourrait être un artiste frustré du Plateau », avais-je suggéré à Stéphane – quel imbécile irait comprendre qu’un tel idéaliste voudrait s’attaquer à ses pairs ? Les hommes chargés de nous protéger, il faut croire…
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C’est pas une arme spécifique qui peut nous en apprendre sur lui non plus. Il a ben dû s’en rendre compte comme nous autres, sauf qu’en même temps, le gars se laisse prendre sur caméra, la peau noire à l’air ! Fait que c’est dur à dire si on a affaire à un génie du mal ou juste à un imbécile, je vais te dire…
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J’ai aucun doute qu’il est bourré de talent, c’est ça le pire. Mais y a des gens comme ça qui ont peur de la compétition, pis qui veulent faire différent… Il doit se penser tellement spécial.
J’aurais aimé pouvoir lui répondre que non, lui expliquer que, contrairement à lui, tous ne jouissaient pas d’autant de potentiel, d’autant de liberté. C’était par hasard que mon travail s’était bonifié d’un attrait visuel, et ça n’avait rien de gracieux… mais soit ! Je n’allais tout de même pas empêcher un connaisseur de souligner mes réussites.
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Comme j’aurais aimé voir ma mère déballer le curriculum de mes exploits ! Elle lui aurait mis toute une raclée, avec des droites comme : « Moi, mon Éric, il approche la dizaine de meurtres ! » ou des crochets du genre : « Tu vois Stéphane au bord de la piscine ? Il a aucune idée de ce qui se passe sous son nez ! » Et BOUM ! Ma tante Francine aurait fini au tapis en moins de deux rounds ! Au lieu de cela, les arguments de maman peinaient à tenir sur leurs jambes.
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Pour la première fois, je prenais conscience de ma froideur, de cette déstabilisante indifférence face aux actes immondes que je commettais. Mes actions, mes intentions, j’étais capable de me les justifier, mais comment pouvais-je en être si détaché ? En un sens, j’en étais ravi, bien entendu. Sans quoi jamais je n’aurais pu réaliser ce que j’avais jusqu’alors accompli.
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J’ai pensé que je pourrais kidnapper un politicien et lui faire porter le chapeau ou, mieux encore, me servir de mon détective favori, pourquoi pas ? Les possibilités s’annonçaient déjà vastes.
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Aux nouvelles du lendemain, la belle Julie et les autres médias répandaient le venin : « Des images du Rouge-Gorge ! » « Un meurtre est filmé ! » « Le tueur est de race noire ! » Puis Internet a littéralement explosé. Sans même considérer que j’avais fait des victimes de tous les groupes ethniques, des débats musclés ont tenté de mêler xénophobie et vengeance sociale à mes motifs. À un certain point, les origines du Rouge-Gorge ont commencé à prendre plus de place que son identité en soi, même plus d’importance encore que ses crimes. C’était fascinant.
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Il me fallait aussi passer à l’acte bien plus tard qu’à l’habitude, puisque ce plan impliquait que je travaille sous les projecteurs, à la vue de potentiels spectateurs. Un coup de théâtre du genre ne manquerait pas d’aiguiser la vaillance des enquêteurs, mais ma confiance en moi venait d’atteindre de nouveaux sommets : le soir venu, j’ai donc ajouté de grosses lunettes fumées à mon uniforme avant de retrousser les manches de mon kangourou. Ne restait ensuite qu’à m’enduire la peau d’un brun opaque. Silence, rideau : le spectacle pouvait commencer.
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Quand j’en ai eu fini avec ma sixième victime, j’étais le centre d’intérêt de tout le Québec et de tout le pays : je faisais la une des journaux, des spécialistes de partout au Canada donnaient des entrevues télévisées pour se pencher sur mon cas et les plus jeunes n’en finissaient plus d’alimenter blogues et forums à mon sujet. On essayait de retracer mes antécédents, ou encore de deviner quel profil aurait ma prochaine cible. Allais-ce être un fraudeur, un déviant de quelque sorte ou un autre inconnu sans histoire ? Tous l’ignoraient, moi le premier.
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Ça y est, elle l’avait dit : le Rouge-Gorge était né et plus personne ne pourrait maintenant m’ignorer. Des chercheurs universitaires me consacreraient leur thèse, les artistes peindraient une fresque en mon nom et tous chanteraient en chœur ma légende ! Au revoir l’anonymat, adieu la mort et bonjour l’immortalité ! J’allais régner en maître sur la ville et briller parmi les étoiles ! J’étais si content, si ému…
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Je m’avouais son plus grand admirateur, complètement séduit par la passion qu’elle insufflait à cette profession maintenant si rigide. Qui plus est, si quelques années nous séparaient en âge, tous s’entendaient pour dire que Julie ne vieillissait pas, toujours aussi resplendissante qu’à son arrivée devant la caméra. Ses yeux bleu vif aimantaient le regard, l’empêchant d’aller se perdre le long de son élégante silhouette. C’était sans parler de sa fameuse crinière qui lui tombait sur les reins, une soyeuse chute de cheveux encore plus noirs que ses tailleurs les plus foncés qui, eux, lui enlaçaient les courbes avec grâce.
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