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Citation de Woland


[...] ... Au début, les livres n'étaient pas vraiment des brûlots de la conspiration marxiste mais le genre de textes inoffensifs qu'interdisait le séminaire. Les garçons participaient à un club d'ouvrages mis à l'index, "la Bibliothèque Bon Marché" et commencèrent à récupérer d'autres livres d'une librairie tenue par un ancien narodnik (= disciple d'Alexandre Herzen et adepte d'un socialisme "à la russe). "Rappelle-toi la petite librairie et son propriétaire", écrivit plus tard Iremachvili (= ami d'enfance de Staline mais d'obédience menchevik) au grand Staline. "Comment nous réfléchissions et parlions là à voix basse à propos de grandes questions sans réponse !" Staline découvrit les romans de Victor Hugo, en particulier "Quatre-vingt-treize", dont le héros, Cimourdain, prêtre et révolutionnaire, deviendrait un de ses prototypes. (1) Mais Hugo était strictement interdit par les religieux.

La nuit, Tache Noire (= un prêtre spécialement haï par les élèves et qui devait son surnom au jeune Djougachvili) patrouillait dans les couloirs, vérifiant sans cesse si les lumières étaient éteintes, si les garçons n'étaient pas occupés à lire ou à se livrer à d'autres vices plaisants. Dès qu'il s'éloignait, ils rallumaient les bougies et se remettaient à lire. Sosso (= diminutif géorgien pour Josef) bien entendu "exagérait et dormait à peine ; les yeux larmoyants, il paraissait malade. Lorsqu'il commença à tousser plusieurs nuits de suite," Iremachvili "lui retira le livre des mains et souffla la chandelle." ...

(1) : Hugo décrit ainsi ce personnage : "Personne ne l'avait vu pleurer. Vertu inaccessible et glaciale. Il était l'effrayant homme juste. Pas de milieu pour un prêtre dans la Révolution. (...) Il fallait qu'il fût infâme ou qu'il fût sublime. Cimourdain était sublime ; mais sublime dans l'isolement, dans l'escarpement, dans la lividité inhospitalière ; sublime dans un entourage de précipices. Les hautes montagnes ont cette virginité sinistre." Victor Hugo - "Quatre-vingt-treize" - Paris - Classiques Garnier - 1963 - Page 140 ... [...]
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