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Citation de Nadou38


Tu m'as tendu la main et tu m'as dit, le nez baissé : "Au revoir, je vous demande pardon." Et j'ai senti dans mes bras un grand élan pour t'attirer à moi, pour te serrer contre mon coeur ; dans mes bras, le geste semblait si facile : facile à faire, et facile à défaire, un geste transparent et tout juste égal à lui-même. Mais j'ai gardé les bras collés le long de mon corps. Un geste, et Jacques est mort. Un geste, et quelque chose de neuf apparaît dans le monde, quelque chose que j'ai créé et qui se développe hors de moi, sans moi, entraînant après soi d'imprévisibles avalanches. "Il m'a serrée dans ses bras." Déjà je sentais sous tes yeux mon visage qui m'échappait ; que fût devenu dans ton coeur l'évènement opaque dont j'aurais chargé ton passé ? J'ai serré ta main avec indifférence ; je t'ai laissée partir seule par les rues en fête ; tu pleurais mais je ne le savais pas. Je suis parti de mon côté, me croyant encore seul moi aussi et caressant à ma guise un vague regret. Comme si tous ces baisers que je ne t'ai pas donnés ne nous avaient pas rivés l'un à l'autre aussi sûrement que les plus ardentes étreintes ; aussi sûrement que ces baisers que je ne te donnerai plus, que ces mots que je ne te dirai plus et qui me lient à toi à jamais, toi mon seul amour. (P99)
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