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EAN : 9782070363636
310 pages
Gallimard (05/04/1973)
3.99/5   114 notes
Résumé :
Quand il ouvrit la porte, tous les yeux se tournèrent vers lui.
- Que me voulez-vous ? Dit-il.

Laurent était assis à califourchon sur une chaise devant le feu.
- Il faut que je sache si c'est décidé ou non pour demain matin, dit Laurent. Demain.

Il regarda autour de lui. La pièce sentait la lessive et la soupe aux choux. Madeleine fumait, les coudes sur la nappe.

Denise avait un livre devant elle. Ils éta... >Voir plus
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«Le sang des autres» est le premier roman que je lis de Simone de Beauvoir. Il m'a été recommandé par mon ami jeeves_wilt pour découvrir cette auteure de la littérature française. Et je le remercie pour ce choix car j'ai beaucoup aimé.
C'est un roman dans lequel j'ai pourtant eu du mal à rentrer au départ, un style particulier qui ne se donne pas facilement, mais qui, au fil des pages, devient de plus en plus appréciable, prenant et émouvant au point de ne plus pouvoir le lâcher avant la fin. C'est sans doute cela avoir un style...
L'histoire débute avec Jean (Blomart) et Hélène, le premier au chevet de la seconde qui est mourante, pendant la période de l'occupation. Jean nous raconte alors sa rencontre et son histoire avec Hélène qui commence quelques années avant la guerre.
Ce qui donne une dimension supplémentaire à son récit, c'est qu'il est ponctué par de nombreuses questions existentielles, à savoir sa place parmi les autres, les répercussions que peuvent avoir ses actes sur son entourage plus ou moins proche. Cela l'immobilise et l'isole d'une certaine manière dans sa relation avec son entourage, en particulier Hélène qui pourtant essaie de franchir cette barrière. Hélène... le personnage que j'ai préféré et qui est pour moi finalement la vraie héroïne de cette histoire. Si je ne l'appréciais pas beaucoup au départ, trop légère à mon goût, je la trouve ensuite beaucoup plus intéressante dans sa relation avec Jean et elle se révèle véritablement vers la fin.
Des questions sur notre Être par rapport à l'autre, par rapport à la société, qui prennent une ampleur particulière dans cette période sombre et troublée de la seconde guerre mondiale. On ne peut s'empêcher alors de se poser ces questions sur nous-même.
Une magnifique découverte de l'univers de Simone de Beauvoir, je lirai d'autres ouvrages de la dame, c'est certain !
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« Je voudrais que mon prochain roman illustre le rapport à autrui dans sa vraie complexité. Supprimer la conscience d'autrui, c'est puéril. Il faudrait aboutir à un acte ayant une dimension sociale ». Ainsi s'exprime Simone de Beauvoir dans ses notes, juste après avoir écrit son premier romanL'Invitée. Elle ne veut en reproduire ni le thème, ni la fin qui se solde par un meurtre.

Pour le sang des Autres, publié en 1945, le choix du thème de la Résistance n'était pas instinctif. Ce choix va pourtant s'imposer à elle au début de l'écriture, et l'intrigue tournera autour d'un suspense : le signal d'un nouvel attentat doit-il être donné malgré les récents événements ?

L'incipit a de quoi désarçonner : il commence par la fin (ce qui rappelle d'ailleurs le début des Mains Sales de Sartre). On comprend que Jean Blomart est au chevet d'une Hélène mourante pendant l'Occupation. le reste du roman va alterner entre les points de vue des deux personnages et raconter leur rencontre ainsi que leur rapprochement induit voir « forcé » par Hélène (on comprend ici mieux pourquoi le roman est dédié à Nathalie Sorokine qui a usé des mêmes ruses pour se rapprocher de Simone de Beauvoir).

La narration est déstabilisante et complexe pour tout lecteur aimant le coup porté par le récit, direct, voir incisif (ce qui est mon cas). Ici, il faut se familiariser avec les choix narratifs de l'auteure : « le récit centré sur Hélène, je l'écrivis à la troisième personne, mais pour Blomart (…) il parlait de soi à la première personne quand il adhérait à son passé, à la troisième quand il considérait à distance la figure qu'il avait eu aux yeux d'autrui ». Il m'a fallu quelques chapitres pour le comprendre et mes hypothèses de lecture me l'ont parfois gâchée, il faut bien l'avouer…

Peu à peu se dévoile l'histoire de leur relation, remise en cause par le choix d'exister de Jean, davantage obsédé par le sens donné à ses choix que par la vie elle-même. Hélène, au contraire, semble vivre pour elle-même, et évoluer au gré des événements ce qui fait d'elle l'axe le plus intéressant du roman. de l'aveu de l'auteure, le personnage d'Hélène a « plus de sang », elle y a mis davantage d'elle-même.

"C'est un livre fraternel" selon Camus, c'est un roman sur la résistance selon d'autres et selon l'auteure elle-même c'est un roman qui présente les défauts d'un roman à thèse (roman mettant en scène des personnages destinés à illustrer ou représenter des concepts ou des courants philosophiques) : « je partais d'une expérience authentique, et je rabâchais des lieux communs (…) on n'invente des idées ni dans les salons ni dans les romans ». / « tout converge au lieu de foisonner ». Ce qu'elle se reproche c'est d'avoir tout misé sur la ligne d'une existence : ses personnages se conforment un peu trop à la direction qu'ils souhaitent lui donner. Ainsi, en cherchant trop à donner à voir, elle a trahi et appauvri l'idée qu'elle voulait défendre.

Ses contemporains ont jugé cette oeuvre inférieure à la première, je serai beaucoup moins critique car pour un lecteur d'aujourd'hui, il est plus difficile d'avoir accès aux schémas de réflexions existentialistes entourant le couple Beauvoir-Sartre et il est donc appréciable de découvrir autrement que par un essai le concept de cette philosophie, qui rappelle l'importance des actes pour exister et la difficulté de vivre en conscience avec les autres en faisant ses propres choix.
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Commencer par le final, c'est sur cette idée que s'ouvre ce roman de S. de Beauvoir, puis nous sinuons,avec ses et ces héros ordinaires, à une époque qui ne l'est pas . L'écriture est fluide , pas de brusqueries au contraire des évènements.
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C'est un livre magnifique et poignant, qui traite du sujets aussi varié que la résistance, l'amour non partagé, et d'autres encore que je ne vous spoilerais pas.

Ce livre m'a plongé dans une tempête d'émotions. A partir du moment ou j'ai été prise dans l'histoire je n'ai plus pu m'en décrocher, et j'ai alors passé chacune de mes minutes de libre à le dévorer. Les 2 personnages principaux sont magnifiquement développés, attachants aussi bien par leurs qualités que par leurs défauts, accrochés à leurs idées comme des moules à leurs rochers, forts et si fragiles tout à la foi. L'essence même de l'humanité en fait.
Et l'histoire, magnifiquement portée par ces personnages, est déroulée tranquillement, sans heurts, malgré la tempête d'événements qu'elle contient.

Le livre s'ouvre sur la scène finale de l'histoire. La première fois que j'ai tenté de livre cette oeuvre ça m'a un peu déstabilisé: tu te retrouves plongée au coeur d'un drame dont tu ne connais ni les protagonistes, ni les causes.il faut continuer car l'éclaircie est rapide et la suite s'est révélée aussi prenante et vivifiante que la scène d'ouverture était incompréhensible et étouffante. Et cette première scène, d'abord incomprise, a su prendre tout son sens une fois arrivée la fin de l'histoire.

Allez-y, foncez, vous ne pourrez être que séduit.
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Simone de Beauvoir n'est pas encore le héraut du féminisme qu'elle deviendra dix ans plus tard. Ici, c'est le Castor qui écrit. On y retrouve tous les thèmes de prédilection de l'existentialisme : le destin, l'absurdité de la vie, la liberté, l'engagement social et politique. Mais c'est aussi une superbe histoire d'amour. le héros, Jean, est le type même de l'intellectuel peu sensible qui réfléchit à chacun de ses actes. Hélène quant à elle, a contrario, est naturelle et pleine de vie, proche de l'insouciance. Tous deux questionnent à leur manière le sens de leur existence. « Nous n'existons que si nous agissons » finiront-ils par conclure ensemble. Un roman certainement plus « populaire » que ceux de Sartre sur les mêmes thèmes.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
-Alors selon toi, dit Hélène, il y a des milliers de filles exactement pareilles à moi de par le monde ?
Paul rit placidement.
-Tu sais, on dit qu'il n'y a pas deux feuilles d'arbre exactement pareilles.
Hélène haussa les épaules avec impatience.
-Mais en gros, on peut les confondre ?
-En gros, oui, dit Paul qui riait toujours.
-Bon, dit Hélène ; elle se planta devant lui : Alors, pourquoi prétends-tu que tu m'aimes, moi, et pas une autre ?
-Il y a aussi des milliers de types comme moi sur terre, dit Paul. Et ça fait des milliers d'amours pareils au nôtre. Il prit Hélène aux épaules et la regarda gaiement : Chacun aime sa chacune.
-Mais, en somme, on pourrait échanger les chacuns et les chacunes, dit Hélène ; elle se dégagea : Il me semble que quand on aime vraiment quelqu'un, on n'a même pas l'idée qu'on pourrait aimer quelqu'un d'autre.
-Naturellement, dit Paul. Mais ça aussi, ça se rencontre dans tous les amours ; on n'en veut pas d'autres que celui qu'on a.
-Ah ! Tu m'embrouilles, dit Hélène ; elle fit un pas vers lui : Oui ou non, pourrais-tu aimer une autre fille que moi ?
Paul hésita une seconde ; ce qu'il y avait de terrible avec lui, c'est qu'il prenait tout tellement au sérieux ; elle ne lui demandait pas de répondre avec cette bonne foi.
-Maintenant, j'ai du mal à l'imaginer ; et pourtant, je sais bien que oui. Toi aussi, tu aurais pu aimer un autre type.
-Je n'ai jamais dit le contraire, dit Hélène. (P53/54)
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Son regard se posait sur mon front, sur le ciel, il fouillait l’horizon pour lui arracher toutes ses promesses, ses jambes frémissaient d’un élan contenu ; le monde était devant toi si vaste, une si belle proie. Il n’y a plus d’avenir et le monde s’efface. Tes yeux sont fermés, les images tournent en rond dans ta tête bruissante comme ce sang qui court de ton coeur à ton coeur ; même quand tes paupières se soulèvent, les choses sont là, évidentes et inertes, comme en rêve, et elles ne se distinguent plus de toi-même ; le monde perd de son épaisseur, il s’engloutit en toi, il s’amenuise jusqu’à ne plus être que cette faible lueur qui pâlit, qui va s’éteindre ; l’avenir se rétracte vers l’immobilité de l’instant ; bientôt il n’y aura plus qu’un présent coïncidant exactement avec lui-même ; il n’y aura plus de temps, il n’y aura plus de monde, il n’y aura plus personne. Tu dansais, serrée contre moi, et déjà se tissait entre nous ce lien qui me rive à ton agonie ; déjà malgré moi j’étais entré dans ta vie afin qu’un jour je demeure ainsi malgré moi seul aux portes de ta mort.
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- [...] sous prétexte d'éviter la guerre, ils vous font avaler n'importe quelle paix.
- Sous prétexte de révolution, vous nous jetteriez dans n'importe quelle guerre, dit Jardinet.
- Parce que nous, nous sommes des révolutionnaires, dit Masson. Vous avez peur de la révolution.
- Non, dis-je, mais ne voulons pas l'acheter par une guerre mondiale. Ce serait payer trop cher.
- On ne paiera jamais trop cher. Paul me regarda avec dédain. Vous n'arriverez jamais à rien, parce que vous ne voulez pas payer.
- C'est facile de payer avec le sang des autres.
- Le sang des autres et le nôtre, c'est le même, dit Paul.
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Tu m'as tendu la main et tu m'as dit, le nez baissé : "Au revoir, je vous demande pardon." Et j'ai senti dans mes bras un grand élan pour t'attirer à moi, pour te serrer contre mon coeur ; dans mes bras, le geste semblait si facile : facile à faire, et facile à défaire, un geste transparent et tout juste égal à lui-même. Mais j'ai gardé les bras collés le long de mon corps. Un geste, et Jacques est mort. Un geste, et quelque chose de neuf apparaît dans le monde, quelque chose que j'ai créé et qui se développe hors de moi, sans moi, entraînant après soi d'imprévisibles avalanches. "Il m'a serrée dans ses bras." Déjà je sentais sous tes yeux mon visage qui m'échappait ; que fût devenu dans ton coeur l'évènement opaque dont j'aurais chargé ton passé ? J'ai serré ta main avec indifférence ; je t'ai laissée partir seule par les rues en fête ; tu pleurais mais je ne le savais pas. Je suis parti de mon côté, me croyant encore seul moi aussi et caressant à ma guise un vague regret. Comme si tous ces baisers que je ne t'ai pas donnés ne nous avaient pas rivés l'un à l'autre aussi sûrement que les plus ardentes étreintes ; aussi sûrement que ces baisers que je ne te donnerai plus, que ces mots que je ne te dirai plus et qui me lient à toi à jamais, toi mon seul amour. (P99)
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Je ne choisie pas d’être, mais je suis. Une absurdité responsable d’elle-même, voilà ce que je suis «
─ Comment êtes-vous, pour de vrai, dit-elle. ─ Pas spécialement sympathique, dis-je. Tenez, quand vous me demandez pourquoi je ne vous aime pas, je vous réponds que vous êtes trop petite, que nous n’avons pas les mêmes préoccupations. Oui. Mais c’est aussi que j’ai le sang pauvre....
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Vous connaissez Simone de Beauvoir, mais peut-être pas sa soeur Hélène. Pourtant, cette artiste peintre s'est elle aussi engagée pour la cause des femmes.
#feminisme #simonedebeauvoir #cultureprime
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