Epreuve, récompense, juge, amie, la femme est vraiment chez Stendhal ce que Hegel un moment fut tenté d'en faire : cette conscience autre qui dans la reconnaissance réciproque donne au sujet autre la même vérité qu'elle reçoit de lui. Le couple heureux qui se reconnaît dans l'amour défie l'univers et le temps ; il se suffit, il réalise l'absolu.
Mais ceci suppose que le femme n'est pas la pure altérité : elle est elle-même sujet. Jamais Stendhal ne se borne à décrire ses héroïnes en fonction de ses héros : il leur donne une destinée propre. Il a tenté une entreprise plus rare et qu'aucun romancier, je crois, ne s'est jamais proposée : il s'est projeté lui-même dans un personnage de femme.