Soha Bechara

Témoignage de Soha Béchara incarcérée dans le camp de Khiam au sud Liban en 1988 pendant dix ans.



Le camp de Khiam a été le symbole de l’invasion israélienne dans le Sud Liban. Ce camp a été totalement détruit en 2006. Des femmes et des hommes y ont été enfermés dans des conditions inhumaines. Ce court témoignage est tout en pudeur : descriptions des conditions d’enfermement dans les cellules ou des cellules d’isolement exiguës ; des conditions d’hygiène plus que réduites. Pour autant, ce témoignage dégage de l’humanité, de l’espoir où ces femmes avec peu ont créé des objets (photos à l’appui en fin d’ouvrage).

chronique des années d'enfermement de Soha Bechara dans un camp du sud Liban.

Le quotidien de ces femmes hors du monde, torturées, isolées, et de quelle manière, avec quelles astuces elles gardent leur humanité.

Camp de prisonnier de Khiam au Sud-Liban. Soha Bechera, libanaise, chrétienne, militante communiste, responsable à l'âge de 21 ans, d'une tentative d'assassinat sur le général Antoine Lahad, chef de l'armée du Liban Sud, milice au service d'Israël qui occupe la région depuis 1986, y est enfermé sans procès de 1988 à 1998. Ce livre est un témoignage, co-écrit avec la journaliste Cosette Ibrahim, qui dit avec pudeur, les gestes de survie et de résistance des femmes dans des conditions d'emprisonnement et d'isolement inhumaines.

Complément : une vidéo Youtube, d'un entretien avec Soha Bechara et Cosette Ibrahim, mis en ligne par l'Institut de Recherche et d'Etudes Méditerranée et Moyen-Orient :

https://www.youtube.com/watch?v=Lw7oWvEd1EI&feature=youtu.be
Lien : http://electronicintifada.ne..

Je ne sais pas trop pourquoi j'ai récupéré ce livre dans la boîte à livres, mais à l'instant où je l'ai vu, j'ai été pris d'une irrésistible envie de le lire ! Je me suis même dit que l'envie allait passer, et que je le remettrais sans doute lors de mon prochain passage.

Mais il n'en fut rien ! Dès le lendemain, je l'attaquais !



Même si j'ai trouvé le début un peu long car l'on suit surtout les descriptions de l'enfance de Souha Béchara, je suis vite devenu accro ! J'ai rarement été aussi passionné par une lecture ! Ça en est limite obsessionnel, à y penser H24 !

S'arrêter a été à chaque fois très difficile !

Je ne m'attendais franchement pas à aimer à ce point, je suis étonné de moi-même !



Tourner la dernière page m'a attristé, et je n'ai alors eu non pas qu'une seule mais deux envies : le relire, ou me jeter sur son second livre, "La fenêtre - Camp de Khiam" (que je n'ai malheureusement pas encore en ma possession, mais ça ne saurait tarder !) !

Il est d'ailleurs très intéressant, voire important, de relire le prologue après avoir fini le livre. Beaucoup de choses prennent sens, et l'on a un nouveau regard dessus !



Ce livre, c'est vraiment quelque chose ! Une vraie leçon de vie ! Souha a fait preuve d'un courage, d'une résilience et d'une force d'esprit incroyables, notamment au camp de Khiam où elle n'a jamais failli malgré les horreurs qu'elle a subies ! Entre les chocs à l'électricité, les privations de s'hydrater, les coups de fouet (j'ai encore les images et les sensations dans la tête...), les isolements dans une toute petite cellule où on ne peut faire que deux maigres pas, et j'en passe, elle n'a pourtant jamais cessé de tenir tête à ses tortionnaires !



Je me suis toujours plus ou moins demandé quelles étaient les réelles motivations des kamikazes. Grâce à ce livre j'ai enfin pu comprendre. Je ne cautionne pas ce genre de pratique, ni le meurtre, mais ça m'a permis de comprendre.

J'ai pu comprendre ce qui a poussé Souha à s'engager dans la résistance, à vouloir à tout prix réaliser cette opération elle-même, à aller au bout. J'ai ressenti ses sentiments, ses convictions, ses envies, le feu qui l'animait.

J'ai pu me mettre à sa place, ressentir aussi son calme lors du moment fatidique.

J'ai également ressenti toute la tension quand l'opération commence à se mettre en place, quand on approche de l'attentat... c'était vraiment grandiose !

D'ailleurs lire pourquoi elle n'a pas réussi à tirer sur Antoine Lahad la première fois a été très instructif ! J'ai pu comprendre que pour elle, cet acte n'avait rien à voir avec son sens premier, que c'était tout autre chose qui explique pourquoi elle, qui était totalement opposée aux armes et à la violence, a pu finalement le faire. Comme elle l'a dit, "ce n'est pas tuer pour tuer". C'est d'ailleurs aussi principalement pour ces raisons qu'elle choisit cette arme-là pour l'opération et non des explosifs par exemple.



En lisant le résumé puis en commençant le livre, j'avais une vision de Souha plutôt étriquée on va dire. En étant au courant seulement des faits principaux, je la jugeais, ce qui n'est pourtant pas dans mes principes.

Puis, en apprenant à la connaître au fil de ma lecture, je me suis rendu compte qu'elle est très humaine, je l'ai compris encore plus en découvrant son séjour au camp de Khiam. C'est une femme pleine d'humanité et de sagesse, qui a du cœur, des valeurs, une vraie battante qui n'abandonne jamais ! Elle est tellement plus encore... Je l'admire, vraiment.

Et malgré l'apparence que renvoie le livre, elle est aussi toute douce et fragile.

Ce livre porte vraiment bien son nom, car "Résistante", Souha l'est du début à la fin, autant lorsqu'elle milite dans la première partie, que dans la seconde lorsqu'elle se bat au camp de Khiam pour survivre, ne pas céder !



J'ai été surpris par son intelligence et sa sagesse, surtout à un si jeune âge !

Elle a fait preuve d'énormément d'ingéniosité pour parvenir à ses fins, surveillant méticuleusement tout ce qu'elle faisait, créant des "pièges" pour voir si quelqu'un fouillait sa chambre, cachant son arme dans un tiroir au fond très long (ça m'a rappelé moi XD J'ai parfois eu recours à ce genre de combines... car j'ai horreur que l'on touche à mes affaires)... Et même au camp de Khiam, elle ne s'est pas laissée aller, n'a pas sombré dans la dépression comme beaucoup auraient pu le faire ! Elle a préféré se maintenir en forme en faisant de l'exercice, même blessée pour pouvoir avoir une chance d'effectuer les tâches quotidiennes du lendemain, manger lentement pour protéger son estomac malgré les 10 minutes imposées, entretenir son cerveau avec des exercices mentaux... J'ai été stupéfait par tant d'intelligence et de volonté ! Peu de gens auraient l'idée et la patience de faire tout cela ! Vraiment, je suis admiratif !

D'ailleurs j'aimerais trop connaître le jeu de société "Le Jeu de la paix" qu'elle a inventé lors de ces isolements ! Et je meurs aussi d'envie de lire ses poèmes, je trouve dommage qu'ils ne figurent pas dans le livre !



J'ai vraiment aimé à chaque fois qu'elle remettait en place ses geôliers, qu'elle déjouait leurs stratagèmes pour avoir toujours une certaine liberté et leur prouver qu'ils n'avaient pas gagné... et que ça les poussait à bout ! Je me suis délecté !

Ce qui était génial aussi c'est la façon dont elle a aidé sa codétenue Hanane, pour justement prendre de cours les interrogateurs ! Souha est vraiment géniale, très rusée, et voir ces derniers tourner en bourrique était délectable !

J'aurais aimé savoir par contre ce qu'a eu Hanane exactement à la fin. On a quelques nouvelles mais sans plus.



J'ai aussi beaucoup aimé le chapitre "Créer", où elle explique tout ce qu'elle a pu inventer pour s'occuper malgré les interdictions des gardiennes. C'est incroyable ce qu'elle et les autres détenues ont réussi à faire avec rien, elles ont été vraiment douées ! J'ai trouvé ça génial !

J'ai aussi beaucoup apprécié son amitié avec Kifah ! C'était beau à voir, et tellement réconfortant dans cet enfer !



Chaque fois, je n'ai pu m'empêcher de me demander comment Souha avait pu tenir autant de temps dans ce camp, surtout dans la "petite cellule" où elle est quand même restée 6 ans en tout ! Elle est vraiment incroyable !



Ça me fait toujours bizarre d'imaginer que tout ça s'est réellement passé, j'ai beaucoup de mal à réaliser, tant c'est intense !



Ce qui est incroyable aussi est qu'en lisant, j'ai parfaitement imaginé Souha Béchara physiquement, alors que je ne la connaissais que très peu. Et encore plus incroyable, au fil des années passées à Khiam, je l'ai vue grandir petit à petit sous mes yeux (dans mon esprit), devenir une adulte !

Ce qui est génial aussi c'est que je me suis bien imaginé la plupart des gens présents dans ce livre, et les voir ensuite en photo (sur internet), voir à quoi ils ressemblent vraiment et savoir en plus que ce sont les vrais et non des acteurs, ça fait quelque chose ! Ça m'a fait bizarre de voir par exemple Antoine Lahad ou Abou Nabil ! Puis j'ai été heureux de voir Kifah ! Ou la mère de Souha, Najat, qui ressemble beaucoup à celle que j'imaginais !

La même chose avec les villes ou les lieux, comme par exemple le salon de la maison d'Antoine Lahad où a lieu l'attentat, que j'imaginais presque à l'identique ! Mais surtout la "petite cellule" du camp de Khiam, je ne l'imaginais pas exactement comme ça !

Ça me fait extrêmement bizarre de me dire que Souha et tant d'autres ont été enfermé.e.s là-dedans pour de vrai...



Je regrette juste que l'on ai pas les pensées et ressentis de Souha, surtout lors de son séjour à Khiam. J'aurais aimé savoir ce qu'elle se disait, ce qu'elle ressentait, ses envies, ses espérances. Mais ce n'est pas le genre de personne qui se livre, comme elle le dit dans son récit, et je ne comprends que trop bien.

Je regrette aussi que certains événements soient si peu décrits, j'aurais tellement aimé tout savoir dans les moindres détails ! Mais peut-être qu'elle ne s'en souvenait plus exactement.

Ce sont les deux seules choses que je reproche au livre.



Maintenant, j'aurais bien voulu la rencontrer ! Je ne pense pas avoir un jour cette chance, mais j'aurais tellement aimé !



Ce qui est sûr en tout cas, c'est que ce livre ne vous laissera pas indemne !



Il n'est cependant pas à mettre entre les mains de tout le monde, il y a beaucoup de moments difficiles à lire : il est souvent question de violence, de torture et de mort notamment (dont celle de son cousin Marouan par exemple, dont j'ai encore les images en tête)...



Mais vous l'aurez compris, cette histoire me passionne ! Elle me fait vraiment vibrer !

C'est un immense coup de cœur pour moi, comme quoi j'ai bien fait de le prendre presque sans raison ! Au final, j'ai répondu à son appel !